mercredi 22 décembre 2021

Vu « Un héros », dernier film d’Asghar Farhadi, Grand Prix du Jury au dernier festival de Cannes.

Asghar Farhadi est ce cinéaste iranien qui avait notamment réalisé le très beau et très
émouvant film « La séparation ». Après avoir plusieurs fois tourné à l’étranger, Farhadi est retourné tourner ce film en Iran et cela n’est pas indifférent…le héros en question est artisan dessinateur-graphiste qui est emprisonné pour dette. Lors d’une permission de sortie, il découvre par hasard sur le trottoir un sac de femme rempli de pièces d’or. Son premier réflexe est de les vendre pour s’acquitter de sa dette et retrouver sa liberté mais le prix qu’on lui en offre ne lui permettrait pas de le faire : pour son créancier intransigeant, c’est tout ou rien…alors il décide de retrouver la propriétaire du sac pour lui rendre son bien et retourne en prison. Les responsables de la prison, apprenant ces faits, veulent récompenser leur pensionnaire pour cet acte de civisme généreux. A partir de là s’enclenche un scénario tout en rebondissements et en quiproquos, alimentés par l’attitude à bien des égards désemparante du héros, son sourire permanent même dans les moments les plus tristes, et sa personnalité équivoque bien résumée par la question du directeur de prison : es-tu malin ou naïf?

Le tout entretenu par…les réseaux sociaux, qu’on ne voit pas, qu’on entend pas, qu’on ne « concrétise » pas, mais dont on comprend qu’ils sont à l’œuvre, puissamment, d’abord pour glorifier Rahim, le héros, puis pour le démolir avec encore plus d’irrationnalité. J’ai été pris et interessé par ce film qui est un bon film même s’il n’est pas du niveau de « une séparation ». Car jamais j’en n’ai été ému. Je dirais même que l’intervention d’un enfant handicapé, le fils bègue du héros, m’est apparu comme une ficelle un peu grosse pour faire pleurer dans les chaumières. Mais ce qui m’a le plus frappé et déçu, c’est que le film est tourné en Iran, par un iranien, et qu’il donne del a société iranienne une image étrange ; pas un flic à l’horizon - pas un !-, encore moins de mollahs, aucune allusion à la situation politique et sociale, cette famille pauvre semblant vivre très correctement….il y a là quelque chose d’assez irréel, troublant et pour tout dire décevant.

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