samedi 31 octobre 2020

Vu « Adieu les cons » le dernier film d’Albert Dupontel, avec lui-même et Virginie Efira.

 L’histoire a, au fond, assez peu d’importance : une femme, apprenant qu’elle est
gravement malade, part à la recherche de l’enfant dont elle a accouché sous « X » 25 ans auparavant. A la première étape de son périple, dans les services administratifs de l’adoption, elle est témoin de la tentative de suicide d’un cadre administratif qui rate complètement son coup et provoque involontairement une petite catastrophe. Et elle se retrouve en fuite avec cet homme qui, à défaut de s’être éliminé, décide de mettre ses compétences à son service, à l’aide d’un ordinateur portable qui a, manifestement, bien des vertus... Ils vont finir par retrouver ce jeune homme dans des circonstances abracadabrantes et loufoques et, refusant de se présenter à lui, l’héroïne parviendra à lui transmettre un message qui le mettra sur le chemin du bonheur....mais peu importe.

Un film déjanté, décalé, surprenant, tendre, émouvant et drôle.
Albert Dupontel est fidèle à lui-même, professionnel et convaincant. Virginie Efira est belle, souriante, émouvante.
Et, au total, un film qui a une sacrée personnalité, un style particulier, une signature très originale.

dimanche 25 octobre 2020

Pour une laïcité pleine et entière, Voici la tribune que j’ai signée avec 47 personnalités dans le Journal du Dimanche de ce jour, à partager.

Ne capitulons pas, ne capitulons plus !

Pour un rassemblement laïque des citoyens77

 

 

La mort dun professeur de collège vient d’ébranler la France, cristallisant toutes les aspirations et les préoccupations dun peuple, tant est immense sa portée.

 

 

On a tué un homme. De la manière la plus barbare et la plus expressive qui soit, dans le rituel codifié dexécution religieuse de lislam radical. On a assassiné un homme pour avoir accompli sa tâche avec modestie et sans frémir. On a exécuté un professeur qui remplissait la mission la plus noble, celle de contribuer à l’émancipation et à la construction de la conscience des jeunes élèves dont il avait la charge pédagogique et morale. On sest attaqué au creuset de la République, son École.

 

Après les 266 morts dont le souvenir pèse sur nos cœurs depuis 2012, ce mort-là est l’électrochoc qui donne aux Français la force de ne plus accepter linacceptable. Et comme dans ces sursauts que peuvent accomplir les peuples souverains lorsquils prennent conscience de leur unité, en quelques jours ce qui semblait impossible devient possible et saccomplit même déjà

 

La remise en question permanente de la liberté dexpression et les assauts répétés contre notre école publique sont les symptômes évidents de la volonté ultime de nos ennemis : saper les fondements démocratiques de la République française. En voulant détourner une partie de la jeunesse de nos principes, en tentant de la liguer contre ses lois et ses institutions, cest la promesse de tout un peuple que lon tente darracher, cest notre futur que lon souhaite anéantir. Les Français en ont aujourdhui conscience, dans leur immense majorité

 

Les mêmes qui depuis trois décennies tentent de convaincre les Français quils sont coupables de tout, quils ne voient pas ce quils voient, que sils meurent sous les balles et les lames des couteaux, cest bien leur faute et non celle des assassins, restent à l’écart de ce mouvement populaire et démocratique profond. Ceux-là ne comprennent pas ce qui est en train de se passer, ils ne comprennent pas l’éphémère et délicate union dun peuple et de ses représentants autour dun projet de salut public.

 

Pour accompagner cette prise de conscience et pour rétablir une laïcité pleine et entière, seule garante de la paix et de la concorde civile dans notre République, il est du devoir des responsables politiques dinsuffler une nouvelle dynamique. Des organismes publics adaptéà cet horizon politique transformé doivent voir le jour, nourris dune ambition sans autres limites que celles de la raison, de la science et du droit. 

 

Nous attendons du président de la République, du gouvernement et des représentants du peuple quils créent ces moyens inédits et orchestrent leur action pour porter haut lidéal laïque, en remplacement de ceux qui ont fait leur temps et dont lesprit, les objectifs, lorganisation et les travaux ne correspondent plus aux ambitions nouvelles. Ceux-là se sont écartés de la défense de la laïcité, allant jusqu’à prendre constamment le parti de ses adversaires, de tribune en préface, de critiques des laïques les plus respectés en prise de position des plus ambigües. 

 

 

Lespoir suscité parmi les Français ne peut être déçu. La mise en œuvre de nouveaux outils, de nouvelles instances, adaptéà ce paysage laïque transformé, est essentielle. Cest tout l’édifice laïque qui est aujourdhui à restaurer sur la base de la Loi de 1905, son fondement le plus solide. Cela ne pourra se faire quavec des femmes et des hommes, intimement convaincus de leur mission de redonner aux Français la fierté de leur modèle émancipateur et fraternel.

dimanche 18 octobre 2020

Comment dire des choses justes quand l’horreur frappe une nouvelle fois comme elle vient de le faire à Conflans-Sainte-Honorine sous une forme toujours plus barbare dont fut victime un enseignant, Samuel PATY ?

 D’abord réagir avec mon cœur en disant mon émotion très profonde et la compassion solidaire à l’égard de la famille et des proches de la victime.
Ensuite comme enseignant que je fus, au début de ma vie active dans des lycées de la banlieue parisienne, que j’ai été à plusieurs reprises de ma vie dans le supérieur, que je suis toujours passionnément à Sciences Po Paris, pour dire un message de solidarité et de détermination à tous mes collègues enseignants : tous ensemble, solidaires, tenons bon ! Ne nous résignons pas, ne cédons pas à la peur quelque légitime qu’elle puisse être. Poursuivons avec ardeur notre mission si essentielle pour enseigner les valeurs de la République.
En militant laïque encore : j’espère que, cette fois-ci, l’unité républicaine sera bien au rendez-vous et qu’on n’entendra pas un seul « oui mais » : « oui, nous condamnons l’horreur mais quand même... en montrant des caricatures de Charlie, il a exagéré...». Que l’on n'entendra pas non plus des «attention ! Non à l’islamophobie » quand certains auront le courage de mettre en cause l’islamisme radical.

Ça suffit ! Tous ces aveugles doivent ouvrir les yeux, comprendre par lucidité ou se taire par décence.
Un dernier mot pour le Ministre de l’Education Nationale, Monsieur Blanquer, que je ne connais pas : autant j’ai été - et reste - très sévère pour certaines de ses décisions - je pense en particulier à la semaine de quatre jours qui fut un coup très rude portée contre l’école de la République- où certaines de ses méthodes -par exemple, lors du confinement, dans son mépris arrogant des maires confrontés sur le terrain à l’application concrète des protocoles sanitaires dans les écoles-, autant je dis avec force qu’en matière de laïcité il est impeccable. Vraiment impeccable. Tant mieux pour la République, pour ses « hussards noirs » et pour ses enfants.


lundi 12 octobre 2020

Je viens de lire, bien tardivement et je le regrette infiniment, « L’étrange défaite » de Marc Bloch paru chez Gallimard dans la collection Folio-histoire.

 Ouvrage magistral, passionnant et poignant.


Marc Bloch, né en 1886 fut un historien remarquable ( auteur, notamment, de « Les rois thaumaturges » ou « L’histoire, la guerre, la résistance ») , et un universitaire prestigieux qui fut professeur en chaire à La Sorbonne à partir de 1936. Mais il fut aussi un patriote courageux (et plus encore, on le verra après) qui, après avoir recueilli plusieurs citations pour son courage lors du conflit de 14-18, demanda par dérogation à être mobilisé en 1940 à l’âge de 54 ans et vécut la douloureuse campagne des Flandres.

Ce livre est né là, à ce moment, en cette période qu’il vécut dans un Etat-major sur le terrain où il était en charge du ravitaillement en essence des troupes sur la frontière belge... Rédigé, donc, en 1940, « L’étrange défaite » est d’abord une analyse « militaire et stratégique » de la défaite :

les illusions de la ligne Maginot, les délais de réaction dans une guerre de mouvement, les faiblesses du renseignement, le sous-armement en blindés et avions...Mais cette analyse dépasse largement le seul terrain militaire et stratégique pour en chercher les causes dans le pays profond, ses racines culturelles, la paresse de la bourgeoisie, les failles du système éducatif. Et le livre devient d’autant plus passionnant qu’il résonne parfois d’une brûlante actualité. Où l’on découvre un humaniste que je qualifierais plutôt de «Camusien », féru de Marxisme mais retenant l’analyse et non la pratique de Marx, préférant évidemment l’approche et la culture de Condorcet et l’engagement passionné du pédagogue. Ah! Ce propos : « Il lui faudra enfin à ce peuple se remettre à l’école de la vraie liberté d’esprit ».
Et il devient pathétique et poignant parce que Marc Bloch est juif, par sa famille s’il ne l’est pas de confession. Juif mais d’abord français qui ne souhaite pas que les juifs s’isolent de la communauté nationale, ce qui évidemment sonne pathétiquement en cette période si infiniment douloureuse. Et le livre devient définitivement bouleversant quand on sait que son auteur, décidément très courageux, héroïque même, s’engagea dans la Résistance où il joua un rôle éminent dans la région lyonnaise : il fut ce « Narbonne » qui devait diriger la résistance lyonnaise. Mais arrêté par la Gestapo, affreusement torturé, il fut exécuté avec vingt-six autres de ses compagnons à Saint-Didier-de-Formans le 16 juin 44. Un témoin raconta qu’à son voisin d'exécution, un gosse de 17 ans qui lui exprimait son angoisse, il répondit quelque chose comme « ne t’inquiète pas, ça ira vite et ça ne fait pas mal »...
Livre bouleversant où l’on lit ces lignes : « Ces pages seront-elles publiées ? Je ne sais. Je me suis cependant décidé à les écrire »... « Un jour viendra, tôt ou tard, j’en ai la ferme espérance, où la France verra de nouveau s’épanouir, sur son vieux sol béni déjà de tant de moissons, la liberté de pensée et de jugement ».


samedi 10 octobre 2020

"Séparatisme islamiste" et laïcité - Editorial de Gilles Clavreul et Jean Glavany paru sur L'aurore think tank.

www.laurorethinktank.fr


 

« Séparatisme islamiste » et laïcité : encore un effort républicain, M. le Président !

Jean GLAVANY, Gilles CLAVREUL - 9 Oct 2020 

Aux Mureaux, vendredi dernier, le Président Macron a présenté les grandes orientations du futur projet de loi sur les « séparatismes » qui était très attendu et le fruit, nous dit-on, de trois ans de travail. 

Un grand pas vers la clarté

Disons tout de suite que, sur le fond, les républicains que nous sommes ne peuvent que dire leur satisfaction globale quant à cette analyse et ces propositions visant à, dans beaucoup de domaines, lutter plus efficacement contre certaines dérives et certaines pratiques si contraires à notre culture républicaine. Tout ce qui touche à l’éducation par exemple, de l’école obligatoire dès trois ans à la limitation de l’instruction à domicile en passant par la lutte contre les établissements hors contrat si souvent en rupture avec la légalité républicaine, est particulièrement bienvenu. De même que les moyens plus efficaces pour lutter contre l’abus du statut de la loi de 1901 par les associations cultuelles.

En matière de laïcité, en particulier, ce discours sonne spectaculairement comme une rupture bienvenue avec, par exemple, le discours au Collège des Bernardins d’avril 2018, où le Président avait exalté la « sève catholique » de la France et mis en garde contre une « religion d’Etat » que serait, aux yeux de certains, la laïcité. Il faut dire que l’exercice n’est pas le même : on ne caresse plus les religions dans le sens du poil, il s’agit même de mettre des barrières à un certain intégrisme religieux ! Mais on y reviendra.

En progrès donc et c’est tant mieux…même si l’on sent bien que le Président n’est toujours pas très à l’aise avec ce principe républicain de laïcité : pourquoi ressent-il le besoin de préciser que la « laïcité, ce n’est certainement pas l’effacement des religions dans la société, l’espace public » ? En quoi l’affirmation plus ou moins visible des religions dans la société est-elle l’affaire du Président ? C’est simple affaire de logique : si l’Etat ne reconnait aucun culte, alors le chef de cet Etat n’a pas à présumer d’un niveau de visibilité religieuse qui serait trop haut ou trop bas. Pourquoi ne jamais s’en tenir aux termes des lois de la République qui évoquent, elles, « le libre exercice des cultes dans la limite de l’ordre public » ?

Pourquoi, encore, dénoncer ceux qui « au nom du principe de laïcité tentent de susciter des divisions, des confrontations » en laissant entendre que ce principe pourrait entraîner ces divisions et ces confrontations ? Pourquoi ne pas parler de « ceux qui, usant abusivement du principe de laïcité, tentent de susciter des divisions» ?

Donc, oui, en progrès mais...peut encore mieux faire : pourquoi ne pas assumer plus clairement que l'action de le chef de l'Etat appelle de ses voeux n'est pas seulement une lutte contre le séparatisme, mais bien pour la laïcité ? Etrangement, son discours commença par "La laïcité n'est pas le problème"...avant de se poursuivre quelques minutes plus tard par l'annonce d'un projet de loi "renforçant la laïcité". N'ayez pas peur d'être laïque, monsieur le Président !.

Flou sémantique

Même chose pour l’emploi des mots : autant le dire, ce terme soigneusement choisi, sélectionné, pesé au trébuchet de « séparatisme » ne nous convainc pas. Il semble d’ailleurs que l’exécutif peine à s’en convaincre lui-même, puisque le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin devait annoncer, peu de jours après l’intervention du Président de la République, que ce terme ne figurerait sans doute pas dans le titre du projet de loi.

Bien sûr, le Président a enfin osé parler de « l’islamisme », ou « islam radical » ou « islam politique », et c’est heureux. Il a enfin osé prononcer les mots, mieux : il a nommé les mouvements qui relèvent de cette catégorie : principalement les salafistes et les Frères musulmans. Mais cette concession à l’évidente nécessité ne se retrouve ni dans le titre du projet de loi, ni dans les propositions. Juste un commentaire. Et pourtant « ce qui se conçoit bien s’énonce clairement » tandis que « mal nommer les choses c’est ajouter à la misère du monde » disait Camus.

Du coup, par ce seul commentaire, le Président est accusé de « stigmatiser » les musulmans de France par une trop grande partie de la gauche. Le voilà donc sans aucun avantage à sa pusillanimité et tous les inconvénients de son audace bien timide.

Deuxième inconvénient. A côté du « séparatisme islamiste », une forme moins violemment hostile, mais guère moins préoccupante, se présente à nous : l’entrisme islamiste. D'autres modalités pour des objectifs identiques. C’est la spécialité des Frères musulmans par temps calme : pénétrer la société par le bas, par l’action éducative, sociale et humanitaire, se comporter de façon légaliste, voire rechercher la coopération avec les pouvoirs publics. La belle mécanique dévoilée par le chef de l’Etat le 2 octobre risque de passer à côté de cet entrisme, contre lequel les moyens coercitifs seront inopérants. Pour l’affronter, il faudrait principalement outiller les services publics, à la fois matériellement et intellectuellement, pour faire pièce à l’offre de services de proximité que les islamistes savent mettre en place sur le terrain, mais aussi pour leur opposer un discours républicain enfin clair, c’est-à-dire qui ne patauge pas dans les méandres d’un « vivre-ensemble » ni ne confond la laïcité avec la coexistence des croyants.

Troisième inconvénient, qui est un classique de la communication politique : mieux vaut toujours insister sur le « pour » que sur le « contre ». Le chef de l’Etat a bien esquissé quelque chose de cet ordre, évoquant les insuffisances de la politique de la ville, le retrait des services publics et la ghettoïsation, usant d’ailleurs d’une formule excessive : « c’est notre séparatisme », comme s’il s’agissait d’une chose comparable au projet politico-religieux conscient et déterminé contre lequel il appelle à lutter. Il n’en demeure pas moins que le propos d’Emmanuel Macron sur le « pour » a manqué d’ambition et de précision ; conçoit-il une gêne à avoir torpillé le plan Borloo, dans les conditions que l’on sait ? C’est probable. Néanmoins : il manque toujours une politique ambitieuse pour les quartiers populaires. Et d’ailleurs, il ne faut pas la faire « seulement » pour lutter contre les islamistes – si tant est que ce soit efficace : il faut la faire d’abord et surtout parce que nos concitoyens en ont besoin, et qu’ils la demandent. Plus de mixité, plus de soutien à la réussite scolaire, plus de sécurité aussi : voilà des chantiers qu’il faut à tout prix engager rapidement. Ils n’ont été que mentionnés : c’est trop peu.

"La République en actes"  ? Banco !

Oserait-on une proposition ?

Le Président, son gouvernement, sa majorité auraient très bien pu manifester l’intention de lutter contre tous les intégrismes et tous les fanatismes, religieux ou pas. Certes, il lui aurait fallu alors contrer le reproche de chercher à « noyer le poisson », c’est-à-dire à mettre la lutte contre l’islamisme sur le même plan que les sectes ou les séparatismes territoriaux. Cependant, il n’aurait pas été difficile au chef de l’Etat – d’ailleurs il l’a fait dans son discours – de préciser que, de très loin, c’est bien l’islamisme aujourd’hui qui constitue la menace la plus préoccupante. Passée cette nécessaire précaution oratoire il se serait un peu plus mis à l’abri de tous les inconvénients liés au reproche de stigmatisation. En précisant, pour bien se faire comprendre, que la définition de l’intégrisme est simple et claire : c’est la pratique qui place les lois religieuses, ou quelque règle particulière qu’un groupe humain se donne, au-dessus des lois de la République. Ce qui est inacceptable pour celle-ci.

Il y a des intégrismes dans toutes les religions. Toutes sans exception. Voyez, par exemple, « Les éblouis», le magnifique film de Sarah Suçon avec Camille Cottin qui retrace une histoire vraie vécue dans la France contemporaine...

Par ailleurs, la progression de l’islamisme n’est-il pas une forme parmi d’autres – la plus virulente, c’est indiscutable – de la passion contemporaine pour l’affirmation identitaire ? N’aurait-on pas eu intérêt à voir de façon plus large que ce « narcissisme des petites différences » si caractéristique de l’époque est une menace, à court terme, non seulement pour la paix publique, mais aussi, à travers les demandes de censure qui se multiplient et dont les fatwas contre Charlie ont été les précurseurs, pour nos libertés ?

En somme, le Président de la République s’est mis sur le bon chemin : celui d’une République qui n’a pas la main qui tremble face à ses adversaires. Il manque encore une vision politique plus large, dans laquelle les Français puissent se reconnaître et se retrouver. Le reste, tout le reste, sera affaire d’exécution, de mise en œuvre et de résultats. Il ne faut plus tarder : il y a seize ans, l’inspecteur général Jean-Pierre Obin alertait sur l’intégrisme à l’école. Son rapport fut enterré. Seize ans plus tard, le mal s’est étendu. Sur le pupitre présidentiel figurait cette injonction, malheureusement guère reprise : "la République en actes". C'est exactement ce qu'il faut, mais le temps presse.  



jeudi 1 octobre 2020

Les Fédérations sportives vivent en ce moment des campagnes électorales intenses.

 Heureux progrès de la démocratie permis par les évolutions législatives de ces dernières années dans un secteur où les « potentats éternels » sévissaient trop souvent et où le principe sacré « un homme-une voix » était bien souvent bafoué.
Ainsi, les Fédérations d’escrime, judo, sports de glace et tant d’autres vivent-elles au rythme des campagnes et des votes et c’est heureux.
Et puis, le rugby, mon sport de cœur, celui de mon enfance, ma jeunesse, celui de toute ma vie au fond si l’on ajoute à une pratique depuis longtemps abandonnée, celle de mes fils et, désormais, de mon petit-fils(!...), celui de tous ces matchs regardés avec passion, celui de tous ces amis si chers parmi les anciens joueurs, Jean Prat qui me manque tant, André Boniface, Philippe Dintrans, Didier Codorniou, Thomas Castaignède....et Dany, Daniel Herrero, mon compagnon de tant de voyages, à la passion rugbystique si communicante.
Le rugby vit, lui aussi, une campagne électorale . Drôle de campagne. Animée, il faut voir comme, par le Président-sortant, Bernard Laporte, que j’ai un peu connu parce qu’il fit un passage-éclair -et, il faut le dire sans la moindre agressivité, sans laisser une trace indélébile...- en politique, revenu donc s’occuper des affaires fédérales d’un sport qu’il connaît bien puisque, même s’il ne fut pas un joueur très convaincant, il s’y est montré un redoutable meneur d’hommes et un entraîneur à succès. Seulement voilà : de son passage en politique, il semble n’avoir retenu que le pire : la diatribe, la polémique voire l’insulte et, même, le complotisme.;..Je suis choqué de le voir traîner dans la boue de grands joueurs qui m’ont fait rêver comme tant d’autres par leurs exploits dans une Équipe de France que lui n’a pas connue comme joueur, des Serge Blanco ou des Jean-Claude Skrela; Je suis choqué de le voir traiter de son mépris et de sa suffisance son adversaire que je ne connais pas et n’ai jamais rencontré mais me parait être un homme digne de respect en tout cas, porteur d’un projet sérieux; Je suis choqué, surtout de le voir nous faire le coup du complotisme accusant les juges qui l’ont mis en garde-à-vue il y a quelques jours d’être instrumentalisés par son adversaire. Quelle horreur...J’ai vécu tant de fois ce genre de choses en politique, au plan national comme dans mon propre département, tant de ces élus politiques « pris par la patrouille » et dénoncer un « complot politique»....Balkany par exemple. Jusqu’au bout c’est-à-dire jusqu’à sa condamnation.
Alors, soyons sereins, modérés et calmes : je ne connais rien du dossier auquel le Président de la Fédération de Rugby semble mêlé et, selon le droit de la République, il est évidemment présumé innocent. Tel n’est pas mon propos. Mais ce que je sais, c’est que les juges de la République sont très jalousement soucieux de leur indépendance et que l’idée même qu’ils puissent être instrumentalisés dans le cadre d’une élection d’une fédération sportive doit autant les faire rire que les ulcérer. D’ailleurs l’avocat de Laporte en homme expérimenté et sage a aussitôt corrigé son client en écartant catégoriquement toute idée de complot. Trop tard ?
Je me faisais et me fais toujours une autre idée du rugby. Celle d’un sport «viril mais correct », où le courage physique se conjugue avec la loyauté, le respect de l’adversaire et de l’arbitre, où la fraternité l’emporte toujours, fût-ce après le match, sur l’affrontement, où l’esprit d’équipe l’emporte sur les querelles de personnes ou les règlements de compte.
Je m’en faisais et m’en fais toujours une telle idée que j’eus même la prétention de l’importer en politique . Et voila que c’est l’inverse qui se passe ! Est-il trop tard pour en appeler au débat d’idées, à la confrontation d’un bilan, celui du sortant, et d’un projet, celui de son challenger qui me parait mériter mieux que la diatribe ? Le respect au moins.
Le RESPECT de l’autre va-t-il mourir en ovalie ?