dimanche 29 septembre 2019

Vu deux films décevants :


- le dernier Woody Allen, « un jour de pluie à New York» avec Timothée Chalamet et Elle Fanning Selena. Je ne sais trop quoi dire de ce film qui raconte l’histoire d’un couple d’étudiants qui vont passer le week-end à New York. Elle veut juste aller faire une interview d’un cinéaste célèbre pour le journal de leur université. Mais elle se fait draguer et fait attendre son copain qui erre dans les rues de New York comme une âme en peine.
Le scénario est pauvre, les dialogues aussi, les acteurs mièvres et je me suis ennuyé...

 
-« Au nom de la terre » de Edouard Bergeon avec Guillaume Canet. 

On devine, et on en a la confirmation à la fin du film, que le réalisateur veut rendre un hommage à son père, agriculteur qui s’est suicidé. Soit, mais ça ne suffit pas à faire un bon film , même en mobilisant Guillaume Canet, d’autant que celui-ci « surjoue » son rôle et n’est jamais réellement crédible. Dans cet objectif, récemment, « Petit paysan » avait réussi son coup . Mais l’absence de scenario véritable est cruelle et transforme ce film en reportage ou en chronique. Depardon a fait mieux. Bien mieux.

samedi 28 septembre 2019

Lu deux beaux livres de femmes, deux jolis romans sur un même thème, le viol,


on pourrait même dire le viol dans la France contemporaine, le Paris contemporain et dans les mêmes milieux, celui des classes sociales intellectuello-médiatiques, " Se taire " de Mazarine Pingeot chez JUILLARD et "Choses humaines" de Karine Tuil chez Gallimard. Un même thème, sérieux, douloureux, grave, d'une brûlante actualité, mais deux approches très différentes :

- Mazarine Pingeot raconte le viol "vu de l'intérieur" c'est-à-dire le vécu de la


femme violée, le traumatisme physique et psychologique, l'incapacité de raconter, de porter plainte, les conséquences sur la vie sociale et, en particulier, les rapports avec les hommes, la difficulté à créer un couple, à faire l'amour, avoir un enfant.... et toujours, dans la tête, l'image du souvenir qui hante. L'impossibilité d'en faire le deuil, de tourner la page. Le viol et ses conséquences dans la durée. Le viol dans l'intimité de l'être.
C'est un livre écrit avec une très grande sensibilité, sans fioriture aucune. Un récit simple et direct, un témoignage émouvant que l'auteur conclut d'une façon extrêmement originale et intelligente. À lire absolument .


- Karine Tuil adopte un angle très différent, presqu'opposé : le viol vu de
l'extérieur, le viol dans la société . Avec cette question lancinante : comment un homme devient-il violeur ? Comment, en particulier, un jeune homme de bonne famille, diplômé de l'enseignement supérieur, brillant et équilibré, ne présentant a priori aucun signe avant-coureur d'une telle violence sexuelle, peut se retrouver au banc des accusés ? Où l'on s'intéresse plus au violeur qu'à la victime. Avec une approche judiciaire très intéressante et très bien documentée, nourrie d'une "enquête" minutieuse de l'auteure dans les palais de justice. Un livre moins émouvant que celui de Mazarine Pingeot, mais très complémentaire et très instructif, utilement nourri de l'actualité. J'aime chez cette auteure sa capacité à raconter la société française contemporaine dans un style concret et dépouillé.
 

Deux auteures de qualité, deux beaux livres sur un sujet grave. À lire vraiment.

Vu au théâtre Michel, «La machine de Turing »


de Benoit Solès sur une mise en scène de Tristan Petitgirard avec Matyas Simon et Eric Pucheu ( mais ces deux acteurs jouent en alternance avec Benoit Solès - l’auteur- et Amaury De Crayencour). 
La pièce qui a recueilli 4 Molières...Je connaissais l’histoire d’Alan Turing, ce mathématicien anglais qui, pendant la seconde guerre mondiale, avait réussi à élaborer une « machine », en fait un précurseur des ordinateurs, capable de déchiffrer les codes de l’armée allemande et, ainsi, d’anticiper ses offensives vers le Royaume-Uni et éviter des milliers de morts, mais je ne savais pas qu’il était homosexuel, ce qui n’aurait pas d’importance particulière si ce n’est que la législation britannique a longtemps, très longtemps, trop longtemps réprimé l’homosexualité en Grande Bretagne et que l’intéressé, pourchassé par la justice a fini suicidé dans les années 50. 
C’est toute cette histoire que raconte cette pièce et, autant le dire, c’est absolument remarquable, presque époustouflant, tant dans la mise en scène que par le jeu des acteurs. 
Du très grand théâtre.

lundi 16 septembre 2019

Ci-dessous le lien avec une tribune que je publie sur le site de « L’Aurore » ,

 le think-tank politique que j’ai l’honneur et le plaisir de présider et que je consacre à la situation du logement social dans notre pays, un sujet qui me passionne depuis longtemps et qui continue à me mobiliser. 

jeudi 12 septembre 2019


J'ai déjà tellement dit ce que je pense de Tariq Ramadan que j'ai scrupule à y revenir. Mais la répétition est parfois la base d'une bonne pédagogie....
En 2008, quand l'Assemblée nationale avait constitué une commission pour juger de l'opportunité de légiférer sur l'interdiction du port de voiles intégraux dissimulant les visages dans l'espace public, je m'étais opposé à son audition par ladite commission, considérant que notre Assemblée allait lui donner, en lui offrant une tribune inespérée, un label de respectabilité qu'il ne méritait pas. Je n'avais pas obtenu gain de cause, battu par une alliance Droite-Gauche dont on devine les fondements politiciens...
Du coup, lors de son audition, je lui avais expliqué pourquoi je m'étais en vain opposé à son audition et je lui avais dit clairement et fermement ce que je pensais de lui, de ses falsifications, de ses usurpations, de ses manipulations....notre échange avait été vif, très vif, suivi d'une campagne sur les réseaux " asociaux" d'une violence extrême, où les menaces, y compris de mort, avaient fleuri à mon égard.
Aujourd'hui, autant dire que tout ce que j'ai appris de lui depuis ne m'a pas fait changer d'un iota dans mon jugement.
Il publie un livre pour se défendre des accusations qui sont portées contre lui par plusieurs femmes, notamment musulmanes. C'est bien son droit et il n'est pas inutile de lui rappeler combien dans un État de droit comme le nôtre , la Justice protège les droits de la  défense et la liberté d’expression  ce qui n'est pas vraiment le cas dans les pays administrés par ses amis les “frères”....
Dans ce livre , il évoque le complot raciste, islamophobe dont il serait victime . Franchement, pouvait-on attendre autre chose de sa part ?? Il faut bien comprendre que le prédicateur en question ne s'adresse pas à l'opinion en général ni à la Justice en particulier, il s'adresse à ses fidèles, ceux qui croient encore en lui, - même s'ils sont de moins en moins nombreux- pour préserver un minimum d’audience auprès d’eux  . Et comment faire si ce n'est en se faisant passer pour une victime ? La victimisation est une grosse ficelle vieille comme le monde... Procès politique ? Ramadan et Balkany ( ou bien d'autres ) même combat ? Dérisoire non ? 
Reste le clou du spectacle : dans cette entreprise de victimisation, il se compare au capitaine Dreyfus qui, en son temps a été victime d’un complot d’ État de caractère raciste. C’est là où l’odieux rejoint le dérisoire : non seulement parce que l’Etat français n’est en rien concerné par ses démêlés avec la Justice qui sont la suite de plaintes de femmes à titre privé, non seulement encore l’Etat et la Justice ont prouvé leur capacité à protéger ses droits et sa liberté d’expression , mais surtout comparer l’antisémitisme systémique exprimé  du temps de Dreyfus avec le racisme - qui existe, ne le nions pas- latent dans la société française contemporaine , n’est pas seulement un abus de langage, une perversion de la pensée . C’est une forme de négationnisme, de réécriture de l’histoire . 
Mais je le répète, d’un usurpateur, manipulateur et falsificateur , il faut s’attendre à tout . Ces gens-là, ça ose tout...
Raison de plus pour rester vigilant et ne pas baisser la garde.

dimanche 8 septembre 2019

Lu " Les mémoires d'Hadrien" de Marguerite Yourcenar dans la collection Folio de Gallimard.


Je n'avais pas encore lu ce monument de la littérature du XXème siècle
(Marguerite Yourcenar l'a écrit dans la fin des années 20) et suis heureux d'avoir comblé cette lacune. L'exercice littéraire est original : une autobiographie sur le mode du "Je" , romancée et non pas ouvrage d'histoire au sens scientifique du terme, mais évidemment pétrie d'histoire pour la crédibilité de l'exercice, consacrée à Hadrien, empereur romain du premier siècle.
La construction de l'ouvrage est très progressive : lente et descriptive au début, tant que le sujet n'est pas encore empereur, elle monte en puissance avec son avènement, puis encore avec la mort de son jeune amant et, enfin, à l'approche de sa propre mort. Tout est sagesse, équilibre, modération chez cet empereur amoureux des arts et des lettres, qui passe beaucoup de temps hors de Rome .(Il faut dire que l'empire romain, en ces temps-là, recouvrait toute l'Europe ou presque, et débordait sur le Nord de l'Afrique et l'Ouest de l'Asie...). Le roman ainsi construit, sérieux et crédible offre alors une très belle vision de la vie à cette époque et des grandes questions du moment. J'en retiendrai deux qui m'ont amusé au sens intellectuel et même politique du terme :
- l'apparition de la chrétienté : une secte comme beaucoup d'autres à l'époque dont le prophète, Jésus, intrigue notre empereur qui fait enquêter sur lui. Une secte généreuse dans ses principes mais qui porte en elle les mêmes risques que toutes les sectes..." la féroce intransigeance du sectaire".
- la difficulté à gérer Jérusalem et à faire s'entendre juifs et perses...... Israël "qui se refuse depuis des siècles à n'être qu'un peuple parmi les peuples, un dieu parmi les dieux"..."Je n'en tenais, dit l'empereur, que davantage à faire de Jérusalem une ville comme les autres, où plusieurs races ( ce mot, aujourd'hui, n'aurait plus sa place ici...) et plusieurs cultes pourraient exister en Paix ; j'oubliais trop que dans tout combat entre le fanatisme et le sens commun, ce dernier a rarement le dessus".
Brûlante actualité...
Un joli exercice de littérature.