vendredi 26 avril 2019

J'ai regardé attentivement la conférence du Président de la République hier soir.


Sur la forme, je l'ai trouvé bon, brillant et pédagogue. Il faut s'en réjouir car il nous a malheureusement habitués depuis deux ans à ces petites phrases d'une arrogance folle qui l'ont rendu exaspérant. Hier, d'arrogance, point.
Sur le fond, à bien y réfléchir, il m'a laissé singulièrement perplexe.
D'abord parce que, s'il a avancé cette idée qui pourrait être intéressante en ce sens qu'elle pourrait conceptualiser un " commun" qui nous manque tant, " l'art d'être français ", il a été assez incapable de la définir, malgré deux ou trois tentatives. Et devant l'incapacité à expliciter une belle formule, vient le doute : et si ce n'était qu'une belle formule glissée là par un de ces communicants qui font tant de mal à la politique ? 
Ensuite vient une réflexion sur ce qu'il faut bien appeler les " reniements". Car il faut appeler un chat un chat !
Cette déclaration d'amour aux maires de France après les avoir tant méprisés ? Ça va dans le bon sens, tant mieux mais...reniement.
L'indexation rétablie pour les retraites après avoir théorisé la nécessaire redistribution des seniors vers les jeunes ? Ça va dans le bon sens, tant mieux mais...reniement.
La fin des suppressions d'écoles et d'hôpitaux en milieu rural alors que tant de ces suppressions ont été effectuées depuis deux ans et sont encore programmées pour les mois qui viennent ( message personnel pour mon amie Joelle Abadie, conseillère départementale des Hautes-Pyrénées : si l'Inspecteur d'académie est un fonctionnaire républicain, ce qui reste à démontrer, on a peut-être sauvé l'école de Luthilous hier soir !) , tout ça va dans le bon sens, tant mieux mais...reniement..
Et, pour arrêter là cette série qui pourrait être plus longue , ce plaidoyer sur la laïcité " pilier de la République" et cette vigoureuse défense de la loi de 1905 alors que le chantier de modification de celle-ci avait été entamé, ça va évidemment dans le bon sens, tant mieux mais....reniement.
Pourquoi dis-je cela ? Pour signaler que tous ces reniements vont dans le bon sens républicain ? Évidemment, et je le répète, c'est tant mieux. 
Mais je regarde au-delà : ces reniements, ces volte-faces ne sont-ils pas surtout le signe d'une absence de colonne vertébrale idéologique ? Quand même : il faut un sacré talent pour, sur des sujets aussi importants pour la République, les retraites, les services publics, la laïcité, les élus municipaux, dire tout et le contraire de tout en quelques mois ! 
Talent ou légèreté, je ne sais. Mais le doute est là et il apporte un début de réponse à la question posée plus haut sur l'incapacité à définir l'art d'être français.....

jeudi 18 avril 2019

Une semaine de marche en Palestine sur "le sentier d'Abraham".


Des marches assez harassantes sur les plateaux arides du triangle Bethlehem-
Jericho-Mer morte, dans ces canyons où sont perchés les monastères Saint Georges ou du Mont de la tentation. Un coucher de soleil magique sur la mer morte. Des nuits dans des camps de bédouins. Un moment chaleureux dans une coopérative de femmes d'un camp de réfugiés palestiniens. Une belle rencontre avec un berger qui a tiré un peu de lait frais d'une de ses chèvres pour nous le faire goûter. Et, pour finir, deux jours à Jérusalem que je retrouvais pour la troisième fois et qui produit sur moi toujours la même fascination historique et culturelle.
Je connais un peu mieux ce coin du monde et j'ai dit ma solidarité à ses habitants.

mardi 16 avril 2019

Pendant vingt ans, quand je quittais mes Pyrénées pour mes obligations parisiennes, j'habitais à cent mètres de Notre-Dame de Paris.


Elle était ma voisine de tous les jours, elle était dans mon décor personnel. D'ailleurs hier, jour de l'incendie, une heure avant celui-ci, je la longeais en marchant.
Hier soir, comme tout le monde, j'ai été normalement choqué et ému. Comme tout citoyen attaché à l'histoire et au patrimoine de son pays.
Mais très vite, cette émotion a laissé la place à la colère devant la dictature des médias et de l'émotion.
Ça a commencé par le "on apprend à l'instant que le Président Trump vient de tweeter".... un scoop pour un non-événement. Dérisoire et ulcérant.
Puis sont venus les témoignages devant ces "850 ans de notre histoire qui sont partis en fumée ". Mais bon sang, l'histoire d'un grand pays comme le nôtre ne peut pas s'envoler en fumée !! Notre histoire qui a construit notre Culture et notre identité, n'est pas à la merci d'un incendie !
Et puis l'invraisemblable : un édito dans un quotidien national sous le titre "c'est notre 11 septembre à nous" . Là , franchement, c'est la nausée. 3000 victimes d'un côté, aucune de l'autre et un imbécile ose la comparaison. Envie de vomir.
Il n'y avait que deux choses à dire : d'abord l'éloge des pompiers, admirables de courage et d'efficacité. Le service public dans toute sa splendeur. Ensuite, inviter les citoyens à regarder devant : et maintenant, reconstruire ! La France, dans son histoire, a souvent été abîmée. Elle s'est toujours reconstruite.

lundi 15 avril 2019

Lu " morales espiègles " de Michel Serres, paru aux éditions Le pommier -Manifeste.

J'aime Michel Serres, gascon et marin, philosophe et pédagogue, amateur de rugby et de belles choses de la vie. Mais là je ne comprends pas . Je ne comprends pas le sens de ce livre. 
Un petit livre heureusement ! Une commande d'éditeur ? Soit. 
Mais quand même....

samedi 6 avril 2019

Deux très grandes dames, deux femmes d’exception : 



- Agnès Varda vient de mourir et je regarde «les plages d’Agnès », ce long métrage autobiographique qu’elle nous a laissé. 
Ses plages, ce sont celles de la Belgique sur la mer du Nord de son enfance, celle de de Sète où sa famille s’est réfugiée pendant la guerre, de Noirmoutier où, avec Jacques Demy, l’homme de sa vie, ils avaient acheté un vieux moulin, celles de Los Angeles enfin où, tous les deux, ils ont passé dix ans. Agnès Varda parle et tout, dans ses propos, n’est que douceur, sensibilité, créativité, générosité. Un bonheur qu’elle nous laisse.
 
- Mona Ozouf elle, est toujours vivante et c’est un ouvrage collectif qui lui est consacré par une dizaine d’historiens dans « Mona Ozouf portrait d’une historienne « paru chez Flammarion, introduit par un texte bien passionnant d’elle sur « le sentiment national » .
J’y ai appris plein de choses comme le fait que cette grande dame était philosophe de formation et non pas historienne et qu’elle est venue à l’histoire par son mari, Jacques Ozouf, et son compère François Furet . Philosophe-historienne ou historienne- philosophe, le mélange est de belle facture notamment quand il amène à regarder le temps long. J’y ai appris aussi que Mona Ozouf fut membre du Parti communiste pendant dix ans ce qui, l’appartenance et la rupture, qualifie une certaine manière de vivre à gauche : engagée et lucide . J’y ai appris plein d’autres choses encore sur Jules Ferry notamment dont elle relativise l’engagement « colonial » que certains se sont un peu vite précipités à mettre en avant.
J’ai une très grande admiration, et depuis longtemps, pour cette femme que j’ai trop vite croisée dans une librairie de Vannes il y a quelques années et dont tous les ouvrages m’ont singulièrement enrichi. Cet hommage qui lui est rendu est juste et bienvenu.