mercredi 28 août 2019

Lu "Le bateau qui ne voulait pas flotter" de Farley Mowat,


traduit de l'anglais par François Ponthier, et paru chez Gallimard dans la collection Folio.
L'histoire d'une goélette que son propriétaire considère comme une personne, à qui il parle et se confie. Jusque-là, rien que du très classique, la personnalisation des bateaux fait partie intégrante de la littérature maritime. Sauf que ladite goélette, pour manifester sa mauvaise humeur, se met à prendre l'eau et à commencer de couler à chaque fois que son skipper la contrarie ! En particulier quand il veut l'emmener dans une direction qui ne lui convient pas. Et comme l'histoire se passe ente Terre-Neuve, Saint-Pierre et Miquelon et le golfe du Saint-Laurent, c'est-à-dire dans des eaux où la navigation n'est pas particulièrement facile et douce, cela donne des situations d'un grand cocasse.
C'est sans doute un peu répétitif, mais l'humour de l'auteur rend le récit assez amusant.

samedi 24 août 2019

Lu "Les victorieuses" de Laetitia Colombani, paru chez Grasset.


L'auteure est une femme de culture éclectique et intéressante : romancière - son précédent roman "La tresse" avait eu un succès considérable- , elle est aussi comédienne et cinéaste.
Son nouveau roman raconte l'histoire trop méconnue d'un établissement parisien consacré à l'accueil des femmes exclues de la société, mères célibataires souvent, SDF, femmes battues, immigrées avec ou sans papiers. Cet établissement gigantesque, "le Palais de la femme", qui accueille près de 400 personnes a été créé à la fin des années 20, bientôt un siècle, par l'armée du salut.
Pour raconter le "Palais de la femme", Laetitia Colombani raconte en parallèle l'histoire du couple Peyron, gens de dévouement et de générosité exemplaires, et leur combat pour la création de ce foyer et celle, contemporaine, d'une jeune avocate qui, après un "burn out " violent, répond à une annonce pour le recrutement d'un écrivain public dans le foyer.
C'est un beau plaidoyer féministe, bien écrit et facile à lire, qui permet de découvrir un établissement incroyable et socialement si précieux.

mercredi 21 août 2019

Lu " Le schmock" de Franz-Olivier Giesbert paru chez Gallimard.


On connaît Giesbert le journaliste, éditorialiste de talent, un homme qui porte assez haut la profession et ses valeurs, au " Point " notamment, depuis quelques années.
J'apprécie cet homme de conviction, et même si je ne suis pas toujours d'accord avec lui, je respecte sa pensée et ses écrits. J'aime aussi son humour et une forme de modestie qui l'honore. Il dit de ce livre que "ce n'est qu'un roman", manière de dire qu'il ne faut pas y voir un essai historique sur la montée du nazisme en Allemagne dans l'entre-deux guerres et son corollaire, celle de l'antisémitisme. Et pourtant....et pourtant ce roman qui n'est qu'un roman est aussi bardé de références historiques qui, mises bout-à-bout, lui donne une vraie crédibilité historique. Si j'ose dire, on en oublie presque l'histoire épouvantablement tragique des personnages de l'histoire pour n'en retenir que le contexte. Un contexte qui met en scène Hitler bien sûr - c'est lui " le schmock" , ce qui en yiddish signifie à la fois "penis, con et salaud"-, Himmler, Goering et tant d'autres, parfois même dans leur intimité ce qui ouvre la porte à des traits d'humour surprenants.
La quête de Giesbert est assez simple : il voulait comprendre comment, concrètement, tant d'allemands, éduqués, cultivés, respectables avaient pu à ce point sous-estimer la montée du nazisme, pourquoi tant de juifs allemands avaient tant tardé à fuir. Et bien la démonstration par le récit romance est très réussi.
Voilà un sacré livre qu'il faut lire absolument.

mardi 13 août 2019

Lu " Transparence" de Marc Dugain paru chez Gallimard.


Un roman qu'on pourrait qualifier de science-fiction puisqu'il se passe en 2060.
Une française qui vit en Islande avec un vulcanologue du pays dont elle a eu un fils disparu à son adolescence, a créé une start-up ambitieuse en diable qui aboutit à un résultat spectaculaire : d'une part, à force de collecter des données personnelles sur tous les humains qui ne se protègent pas, elle en arrive à détrôner Google qu'elle va finir par absorber et, d'autre part, à force de travailler ces données, elle parvient à "reconstituer la vie", donc à accorder l'éternité aux êtres qui le souhaitent, et ainsi à pérenniser l'espèce humaine menacée par le désastre écologique et l'effondrement de la fertilité....l'entreprise pourrait paraître totalitaire et machiavélique si elle n'était accompagnée de considérations morales draconiennes : pour atteindre l'éternité , les candidats doivent obtenir l'aval d'un jury qui ne valide que les dossiers de ceux qui le méritent au regard d'un modèle écologique mais aussi de citoyenneté et de responsabilité : en gros, ne survivront que les gentils et les bons ! Et voilà notre française, devenue la personne à la fois la plus puissante et la plus riche du monde, courtisée par les plus grands de la terre, du pape à la Présidente américaine (en 2060 ce sera une femme) en passant par le Président français et tant d'autres. Ce délire prendra fin par la coalition de l'ex-mari de l'intéressée, prédisant la fin du monde par éruption gigantesque et du chef du renseignement américain inquiet de la puissance émergente de la dame : ils lui proposeront un voyage dans l'univers avec ses données et ses collaborateurs afin que, le moment venu, entendez " à la fin du monde", elle puisse reconstituer la vie ailleurs...
Derrière un exercice de fiction assurément audacieux et plutôt bien écrit, ainsi qu'une tentative de prospective sur les dangers du règne de la cyber société , on nage dans le déconnant le plus ahurissant . On va au bout par curiosité sans jamais y croire véritablement.
Drôle d'exercice littéraire...

lundi 12 août 2019

Lu « L’outrage fait à Sarah Ikker » de Yasmina Khadra paru chez JUILLARD.


Un roman vraiment policier puisqu’il narre l’enquête sur le viol d’une femme d’un lieutenant de police au Maroc, elle-même fille d’un haut gradé de la dite police. 
Le mari de la victime, traumatisé et non chargé de l’enquête, se méfiant de la manière dont est menée celle-ci, s’engage dans des investigations parallèles à rebondissements, d’autant plus douloureuses que son couple ne se remet pas de ce drame. Le tout sur fond de rivalités policières , de corruption  et d’intrigues professionnelles dans le Maroc d’aujourd’hui. 
Ça se lit bien voire très bien, ça se dévore même et c’est un bon livre d’été.

vendredi 2 août 2019

Décès de Pierre PÉAN à l'âge de 81 ans.


Un journaliste, un vrai. Passionné et réfléchi. Il n'aimait pas qu'on le qualifie de
"journaliste d'investigation " car il trouvait le terme trop judiciaire....
Je l'ai assez bien connu et nous avions plaisir à nous retrouver pour bavarder de ses projets de livres ou simplement pour le plaisir d'échanger. Contrairement à ce que certains, dans la presse moins scrupuleuse ou dans la politique politicienne, affirmaient, son livre sur Mitterrand "Une jeunesse française" était d'une parfaite honnêteté intellectuelle et, loin d'être à charge sur le parcours de l'ancien Président sous l'occupation, reflétait remarquablement la complexité de la période. C'est un sujet dont je me suis souvent entretenu avec mon cher père, héros de la guerre, plusieurs fois blessé par les allemands et qui me disait avec un sourire entendu
" tu sais, j'ai été pétainiste quelques semaines ou quelques mois".... .
Et puis il y a deux livres déjà anciens de Pierre PÉAN qui résonnent dans l'actualité : celui sur "La face cachée du Monde" où, ancien journaliste du quotidien du soir, il démontrait avec méticulosité la dérive du journal sous l'égide d'un certain Edwy PLENEL, dont PÉAN disait qu'il était "plus fait pour instruire des procès que pour révéler des faits". Tiens donc...Et aussi " Noires fureurs blancs menteurs" sur le génocide du Rwanda dans lequel il insistait sur l'immense responsabilité du Président Kagamé. Tiens donc....
Hommage à un homme qui a porté haut la réputation du journalisme .