lundi 24 décembre 2018

Vu "Sauver ou périr" , le film de Frederic Tellier avec Pierre Niney et Anaïs Demoustier.


La vie dans une caserne des sapeurs-pompiers (professionnels ) de Paris, où un jeune couple habite dans un logement de fonction au milieu des grades échelles et des motopompes, au rythme des alertes et des sirènes. Ils attendent un enfant, ce sera deux jumelles. Lui s'entraîne physiquement comme un sportif de haut-niveau et passe des concours pour obtenir plus de qualification. Elle est institutrice, belle, douce et amoureuse. Le bonheur parfait va devenir une tragédie douloureuse : au moment où elle accouche, il est très grièvement brûlé, notamment au visage, dans une intervention où il s'est mis en danger pour sauver ses hommes. Hôpital, coma, souffrance, le film raconte la lente, très lente reconstruction d'un homme dont le visage a été ravagé et qui porte une cagoule de contention. Elle raconte surtout la détresse psychologique d'un héros devenu un fétu, d'un mari qui manque à sa femme, d'un père dont les enfants ne peuvent pas voir le visage. Il faut tout, tout reconstruire...
J'ai beaucoup aimé ce film, dont les acteurs sont exceptionnels Pierre Niney en particulier, où les émotions sont fortes, très fortes, où la subtilité des sentiments est convaincante.

Cette mise en cause des "technocrates", de Matignon, de Bercy et d'ailleurs, par les députés de la majorité et quelques journalistes, me fait sourire gentiment. L'histoire se répète .....et le nouveau monde adopte de plus en plus vite les rengaines de l'ancien.
Pour avoir un peu bourlingué dans les cercles du pouvoir je peux livrer ici une certitude claire, nette et incontournable : les technocrates ne sont forts .... que de la faiblesse des politiques !! Trop de Ministres, de Droite, de Gauche, du Centre et de nulle part ont oublié et oublient toujours que le premier devoir d'un Ministre est de diriger leur Ministère, de l'administrer, de s'en occuper au quotidien, de parler à ses fonctionnaires, de leur fixer un cap, de les cadrer, les encadrer, de veiller personnellement aux nominations et ne pas laisser d'autres le faire à sa place. Faute de quoi, la nature ayant horreur du vide, les vieilles rengaines refont surface.

Hommage à un fou formidable.


Jean CORMIER, dit " La Corme" pour un certain nombre d'entre nous, ses amis, était un journaliste sportif du Parisien. Il est parti des suites d'une longue maladie comme on dit. Un cancer de la prostate comme on devrait dire. Il aimait le rugby, les rugbymen, le ballon ovale. Il aimait le tour de France et, surtout, les étapes des Pyrénées. Il aimait le Pays basque où il va bientôt rejoindre sa maman, à Sainte-Engrâce. Il aimait l'Argentine, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, pays où il avait suivi tant de tournées de l'équipe de France de rugby mais où il aimait rester, pour connaître, pour comprendre, pour échanger. C'est comme cela qu'il a passé une grande partie de sa vie avec le " Che" , Che Guevara, sur lequel il écrivit un livre, réalisa un film et, récemment, une expo, à Paris. Tout simplement parce qu'il avait découvert que le "Che" avait été un troisième ligne de l'équipe de rugby de son université argentine....C'est là que je l'ai vu pour la dernière fois. Mais il aimait surtout l'amitié et la fête. Et pour l'un comme pour l'autre il était prêt à tout . Vraiment tout. C'était un seigneur de la troisième mi-temps, celle qui suit les match de rugby comme les étapes du tour de France. Et c'était un seigneur de l'amitié. De la fidélité.
Une seule anecdote parmi tant d'autres : en 1994, j'étais membre d'une délégation des parlements européens pour "observer " les premières élections libres en Afrique du Sud, c'est à dire certifier qu'elles étaient "libres et loyales" . A Johannesburg, j'apprends qu'un curé français, Emmanuel LAFFONT, est le prêtre d'une paroisse au cœur du township de Soweto, et qu'un bureau de vote sera installé dans cette paroisse. Je veux aller voir ça, connaître cet homme. Chose dite, chose faite. Emmanuel, qui est devenu archevêque depuis, est un homme simple, chaleureux, entraînant, engagé. À la fin de notre rencontre, on allait partir, il me prend par le bras et m'entraîne derrière son église. " Viens, je vais te présenter quelqu'un". Stupeur de ma part : ce quelqu'un, je le connais depuis vingt ans, c'est Jean CORMIER. " Qu'est-ce que tu fais là ?". Il était resté en Afrique du Sud après la dernière tournée du XV de France parce qu'il voulait connaître Soweto. Alors, avec Emmanuel, ils ont écrit un livre, " curé à Soweto" ...c'était ça La Corme.
Une pensée très affectueuse pour sa fille Jennifer.

lundi 17 décembre 2018

Vu " Cold War", le film de Wilder Konschak .


Pendant la guerre froide, cette intrigue amoureuse entre un pianiste très "rive Gauche" et une chanteuse polonaise qui chante dans un groupe folklorique, se situe entre la Pologne stalinienne et le Paris des années 50 où l'on commence à danser le rock dans les boîtes de nuit.
Mais l'amour est rendu compliqué, voire impossible par le stalinisme épouvantable de l'époque, l'emprisonnement de l'homme, le goulag.... et la passion débridée de cette femme. Ils se retrouveront pour une fin tragique.

Un film brut de décoffrage, en noir et blanc, avec des longueurs - notamment au début - et des lenteurs ou des silences déstabilisant, mais émouvant et d'une personnalité forte.
Plutôt à voir, oui.

Vu le musée Zadkine,


au 100 rue d'Assas à Paris et l'expo permanente consacrée, dans son ancien atelier, une jolie petite maison au fond d'un jardin intérieur en plein Paris, à ce maitre de la sculpture cubiste qui arriva à Paris en 1910 et y mourut en 1967. 

J'aime particulièrement ses sculptures sur bois que je trouve émouvantes et chaudes , qu'on a envie de caresser. 
Il y a un beau petit reportage qui passe sur une télévision ou l'artiste s'exprime sur son travail d'une façon très pédagogique.

Lu " IDISS" de Robert Badinter, paru chez Fayard

Je n'aurai pas l'outrecuidance de présenter Robert Badinter, ancien Garde des Sceaux, l'homme qui a fait abolir la peine de mort en France, l'avocat, le juriste,l'intellectuel. En un mot, l'humaniste.

Il propose là un joli petit livre consacrée à sa grand mère maternelle, Idiss, immigrée juive arrivée en France en 1912, fuyant les ghettos et les pogroms de Bessarabie. À travers cet essai sous forme d'hommage à sa grand-mère à qui il portait une affection particulière et émouvante, Robert qui a 90 ans aujourd'hui mais qui garde une allure et une vivacité d'esprit remarquables comme en témoignent ses prestations médiatiques à propos de ce livre, retrace aussi toute l'histoire de l'insertion de sa famille en France, terre d'accueil, République aux valeurs universelles … jusqu'à l'épouvantable drame de la seconde guerre mondiale, de la Shoah et de l'antisémitisme barbare qui valut la déportation et la mort de plusieurs membres de sa famille, à commencer par son père et son frère . 
Il décrit cela avec des mots simples et posés, souvent émouvants, parfois bouleversants.
Un joli livre à lire .

lundi 10 décembre 2018

Lu "Il faut dire que les temps ont changé....chronique ( fiévreuse) d'une mutation qui inquiète " de Daniel COHEN paru chez Albin Michel.


J'apprécie beaucoup Daniel Cohen, économiste réputé, Directeur du Département d'économie de l'Ecole Normale supérieure, intellectuel engagé du côté de l'humanisme et de valeurs qui me sont chères, et comme je le connais un peu, insuffisamment à mon goût, je lui voue aussi sympathie et amitié. 
Il faut dire que l'homme est brillant et bougrement intéressant. Pourtant, malgré tous ces préjugés favorables, je suis resté sur ma faim avec cette lecture d'un ouvrage ambitieux qui s'appuie sur le fameux ouvrage de Jean Fourastié, "Le grand espoir du XXème siècle " paru en 1949..... il y a bientôt 70 ans, devenu un classique de l'économie politique et dont toutes les théories ont été confirmées . En particulier le rôle central donné au progrès économique et à son évolution pour expliquer les révolutions agraire d'abord, industrielle ensuite ... et, maintenant la révolution des services et l'avènement de la société digitale (que n'avait pas prévu Fourastié, n'exagérons pas, mais qui est au cœur du raisonnement de Daniel Cohen).
Mais pour arriver à cette société digitale, l'auteur prend de drôles de détours ! Un accent très appuyé donné à mai 68, qui ne me parait pas convaincant du simple point de vue économique, un retour sur la théorie des cycles de Kondratiev qui n'apporte pas grand chose de mon point de vue , et une tentation un peu facile de parler de tout au nom d'un œcuménisme, respectable quand il s'agit de se référer à l'humanisme d'un bel esprit du XXIème siècle, mais qui peut tomber dans la facilité : je n'ai pas aimé, en particulier ce passage sur le radicalisme musulman et l'évocation du débat et du clivage intellectuel qui oppose Olivier Roy et Gilles Kepel, traité en quelques lignes et tranché curieusement.
Et puis, même sur la société digitale qui se dessine et dont l'avènement est l'aboutissement du raisonnement de Daniel Cohen, je regrette que dans la balance avantages-inconvénients qu'elle présente, et au chapitre de ses risques, il ne fasse état que de la situation ultra-dominante des GAFA sans même évoquer d'autres risques et dangers comme l'aliénation à l'écran, la déshumanisation des rapports sociaux ou le déchaînement d'agressivité des réseaux sociaux.
Mais bon, c'est un livre vraiment intéressant : simplement il prend trop de détours pour parvenir à sa conclusion et pas assez pour traiter de celle-ci...

dimanche 9 décembre 2018

Vu " les chatouilles",

 le film écrit et réalisé par Andréa Bescond et Eric Métayer, adaptation de la pièce de théâtre éponyme, avec Andréa Bescond, Karine Viard - remarquable dans son rôle de la mère odieuse- et Clovis Cornillac . 

Une œuvre autobiographique d'Andréa Bescond qui, dès l'âge de huit ans, fut violée à de nombreuses reprises par le meilleur ami de ses parents, dans l'aveuglement de ceux-ci, avant d'en subir les conséquences dramatiques qu'on imagine, traumatisme psychologique, violence caractérielle, drogue...et puis, enfin, la décision d'aller voir une psy, la libération progressive de la parole, la plainte, le procès. 
Ce film est un terrible coup de poing à l'estomac pour toute personne dotée d'une humanité normale, et notamment les pères où les mères de famille qui ne manqueront pas de s'interroger en sortant du cinéma : "ai-je bien tout vu de mes enfants ?". 
C'est un terrible uppercut au foie avec deux moments particulièrement bouleversants quand le père apprend la vérité et conduit sa fille au commissariat, et quand la sœur de l'accusé témoigne au procès et avoue qu'elle a vécu la même chose de son frère...
Au fait, ne parlons plus jamais de ces gens comme des " pédophiles" , comme s'ils pouvaient "aimer" les enfants ! Appelons-les par leur nom , des pédocriminels....