jeudi 30 juillet 2020

Alain Cacheux.

Mort d’un socialiste simple et généreux .


Alain Cacheux, ancien député socialiste, ancien maire-adjoint de Pierre Mauroy  et Martine Aubry à Lille nous a quittés  hier. C’est surtout comme militant du logement social, longtemps président de la Fédération Nationale des offices d’HLM que je l’ai bien connu puisque nous partagions cette passion. Alain était un socialiste qui n’a jamais oublié que  «socialiste » commence par « social ».

C’était un militant comme on les aime, simple et généreux. Salut l’ami.


lundi 27 juillet 2020


Les Editions de l’observatoire et leur directrice Muriel Beyer ont eu l’heureuse initiative d’ouvrir, il y a quelques temps déjà, une collection de petits livres électroniques consacrée au débat sur « Le monde d’après » qui se nourrissait évidemment de réflexions sur la crise climatique et trouve, bien naturellement, un regain d’intérêt avec la crise sanitaire de la Covid. Ce sera quoi le monde d’après-Covid ? Quelles leçons en tirerons-nous ? Et si l’on veut bien admettre que si la France a tenu, bon an-mal an, face à cette crise, grâce essentiellement à son appareil d’Etat, pris au sens large du terme c’est-à-dire grâce à ses services publics, alors Il y a sûrement un intérêt à réfléchir sur l’Etat que l’on veut pour demain et, en particulier, à remettre en cause l’idéologie dominante qui n’a mené, ces dernières décennies, qu’à l’affaiblissement de l’Etat, ce vieil ennemi du libéralisme économique...
C’est le mérite du livre de Gilles CLAVREUL, « L’Etat d’après . Ou comment réinventer une passion française ? » paru dans cette collection. Gilles, jeune et brillant haut-fonctionnaire qui fut déjà Préfet et Délégué interministériel à la lutte contre les discriminations, et avec lequel j’anime le club de réflexion « «L’Aurore », ouvre un passionnant débat pour lequel il lance quelques pistes : comment construire un État plus fort ? Plus juste ? Plus proche ?
Bien sûr, ce n’est pas en une cinquantaine de pages que l’on peut épuiser ce passionnant et indispensable débat surtout quand on veille à rester par trop consensuel ( c’est le seul reproche qu’on puisse faire à cet essai ) . Mais cela méritera sûrement qu’on y revienne et on y reviendra....

samedi 25 juillet 2020

Lu « L’énigme de la chambre 622 » de Joël Dicker, aux Editions Bertrand de Fallois.


L’ouvrage est, d’ailleurs un hommage personnel à l’éditeur disparu il y a peu et qui a beaucoup compté pour l’auteur. A de nombreuses reprises, celui-ci quitte donc son récit pour rappeler un souvenir personnel lié à cette relation amicale et même affectueuse.
Deuxième hommage rendu par l’auteur : l’intrigue se déroule à Genève, la ville où il est né, a grandi, fait ses études et vit toujours, la ville de sa famille depuis plusieurs générations. Bon, il s’agit là, personne ne peut s’y tromper, d’un livre de vacances, agréable et facile à lire, plein de rebondissements qui tiennent savamment en haleine le lecteur, expression remarquable d’une science avérée du suspense...mais on se laisse prendre docilement et on dévore le livre qui, tel « La vérité sur l’affaire Harry Quebert », le seul livre que j’avais lu de Dicker il y a quelques années, se situe entre le bon polar et le thriller contemporain.
La recette est infaillible, succès assuré, amateurs de plaisir littéraire sans prétention intellectuelle excessive, laissez-vous faire.... ça fait du bien de temps en temps .

lundi 20 juillet 2020

Poursuivant mes lectures sérieuses de l’été, rentrée universitaire à Sciences Po oblige, j’ai lu « Éthique et infini » d’Emmanuel Lévinas paru en livre de poche chez Fayard.


En fait, c’est une coédition Fayard - France Culture puisqu’il s’agit de la
retranscription de dix entretiens entre le philosophe et Philippe Nemo, diffusés sur France Culture en février-mars 1981, une certaine année d’il y a bientôt ....quarante ans. Autant le dire tout de suite, le livre est rugueux : amateurs de philosophie comme moi, prudence, il s’agit de suivre Lévinas, (philosophe d’origine Lituanienne né en 1906 et arrivé en France après ses études secondaires au début des années 30, étudiant à Strasbourg avant d’enseigner la philo dans plusieurs universités françaises, dont Nanterre et de mourir à Paris en 1995) dans les méandres de sa pensée sophistiquée s’il en est... Un livre pour initiés ? Peut-être, sans doute. Il y a de nombreux passages que j’ai dû relire plusieurs fois pour essayer de les comprendre. Mais de belles choses sur « l’altérité », notamment sur l’amour ( le vrai amour serait dual et non pas fusion) ou la paternité (« une relation avec un étranger qui, tout en étant autrui, est moi ») ou sur la « responsabilité pour autrui » comme base de l’éthique en politique, ou bien encore sur la responsabilité comme structure fondamentale de la subjectivité.
A lire si vraiment on y est obligé....

mercredi 15 juillet 2020

Lu « Qu’est-ce que les Lumières ? » de Emmanuel Kant et Moses Mendelssohn,


   paru aux éditions Mille et une nuits, traduit de l’allemand par Dominique Bourel et Stéphane Piobetta, revues et présentées par Cyril Morana.

Tout petit livre de recueil de deux manifestes des deux philosophes allemands, publiés en 1784 soit cinq ans avant la révolution française, en réponse à la question posée dans le titre.

Des deux, c’est assurément le texte de Kant qui emporte le plus l’interêt. C’est un hymne à la liberté de penser par soi-même et à la raison . Raisonnez ! N’obéissez pas, ne payez pas, ne croyez pas, raisonnez !! Avec, derrière, l’idée que faire pénétrer les Lumières chez le peuple, c’est lui enseigner ses droits et ses devoirs à l’égard de l’Etat.

Le texte de Mendelssohn se perd en analyses sémantiques sur le mot Aufklärung sans qu’un esprit moyen n’ayant jamais appris l’allemand en saisisse la subtilité.
Mais peut-être ce qui m’aura le plus intéressé dans ce tout petit livre, c’est de découvrir à quel point Frédéric II dit « Le Grand » aura été un souverain éclairé et le premier des propagandistes des Lumières. 
Atypique pour un souverain, non ?

lundi 13 juillet 2020

Lu « Eichmann à Jérusalem » de Hannah ARENDT paru en 1966 chez Gallimard dans la collection Folio-histoire et traduit de l’anglais par Anne Guérin.


Ce livre est tiré de cinq articles de l’auteur parus dans «The New Yorker », un hebdo américain plutôt chic, pour rendre compte du procès du criminel nazi, arrêté en Argentine en 1960 par les services secrets israéliens et jugés à Jérusalem en 1961. Un livre qui avait fait scandale à la fois par son sous-titre, « Rapport sur la banalité du mal », par les jugements portés par Hannah ARENDT sur la personnalité d’Eichmann, un personnage « falot », une sorte de « tâcheron besogneux » et « sans envergure », mais aussi par sa mise en cause des dirigeants juifs, à travers les « Conseils juifs », dans une forme de part de responsabilité non pas de la solution finale bien sûr, mais de son ampleur, notamment dans l’élaboration des « listes de transport ».
Il y a une liberté de ton dans cet ouvrage qui est très précieuse, d’autant que, bien évidemment, l’auteure, philosophe née en Allemagne d’une famille de juifs laïcs, a fui le nazisme en 1933 pour s’exiler et s’établir aux USA, ne peut en aucun cas être suspectée d’antisémitisme. Mais il y a bien plus, de la part de l’auteur du célèbre et fondamental « les origines du totalitarisme » : elle s’attache à analyser l’action, la pratique et les résultats du tribunal de Jérusalem, démontrant que celui-ci a échoué dans trois domaines : l’affaiblissement de la justice quand elle est rendue par un tribunal de « vainqueurs », une définition univoque de la notion de « crime contre l’humanité » et la reconnaissance d’un criminel de type nouveau...
Au fond, la question reste posée : ce tribunal était-il convoqué pour rendre la justice ou pour écrire l’histoire ?
Amateur de lectures estivales légères, s’abstenir : ce livre est profond et grave.

dimanche 12 juillet 2020

Lu « Petite métaphysique des tsunamis » de Jean-Pierre Dupuy paru aux Editions Points dans la collection Essais.


Un petit livre du professeur de philosophie sociale et politique à l’Ecole Polytechnique et à l’Université de Stanford, théoricien des catastrophes et adeptes de la théorie du «catastrophisme éclairé ».
Un essai interessant puisqu’il essaye d’abord de rassembler toutes les catastrophes, naturelles ou « morales », du tremblement de terre de Lisbonne en 1755 jusqu’au tsunami en Asie de 2004 en passant par la Shoah ou les bombes atomiques d’Hiroshima et Nagasaki dans une même analyse et une même réflexion sur le « Mal » : est-il naturel ou contingent ? L’homme en est-il responsable ? Et cette réflexion se nourrit d’une autre, sur l’état du monde et ce qu’il nomme « le grand cocktail catastrophisme», la pollution de l’environnement, le dérèglement climatique, l’épuisement des ressources fossiles, les risques technologiques, les inégalités croissantes, les armes de destruction massive, le terrorisme »... j’en passe, cocktail représentant peut-être le « mal suprême » : l’autodestruction de l’humanité.
Petit livre invitant utilement à la réflexion sur cette conjugaison du mal, truffé d’anecdotes ou d’allégories pédagogiques, avec une jolie analyse du débat Rousseau-Voltaire sur le Mal justement, même s’il est très pessimiste sur l’espèce humaine et qu’il s’engage parfois sur des voies bien ésotériques notamment quand il développe ses idées sur la « théodicée qui se mue en anthropodicée...où le mal se voit réduit en problème...toute transcendance, fût-ce celle de la contingence, toute dimension de la verticalité étant par là-même évacuée »...

samedi 4 juillet 2020


Ce qui me frappe dans ce qui n’est pas encore un remaniement mais, à ce stade, un changement de Premier Ministre, c’est la question démocratique qu’il pose : Pourquoi ce changement ?
Le peuple, un bon matin, l’apprend par les médias mais a-t-il été destinataire de la moindre explication? Alors, je sais bien que l’explication viendra tôt ou tard et que le Président viendra dans nos petites lucarnes nous expliquer pourquoi il a procédé à ce changement mais, en attendant, le bon peuple est privé de la moindre explication, cherche à comprendre et se perd en conjectures. Ainsi, dans une grande et vieille démocratie comme la nôtre, un Président peut prendre une décision de cette importance - changer celui ou celle qui va, aux termes même de notre constitution « déterminer et conduire la politique de la Nation »-, sans s’en expliquer une seconde devant les français. Curieux. Curieux et regrettable.
D’autant que l’explication ne tombe pas sous le sens : changer un Premier Ministre issu de la Droite, haut fonctionnaire surdiplômé et maire brillament réélu, par un nouveau Premier Ministre issu de la Droite, Haut fonctionnaire surdiplômé et maire brillamment réélu.... le clivage ne tombe pas sous le sens . Alors, on cherche les différences : le nouveau est...plus vieux ? Chauve plutôt que barbu ? Natif de Vic-Fezensac plutôt que de Rouen ? Ancien collaborateur de Sarkozy plutôt que de Juppé ?
Un jour, le bon peuple aura droit à une explication du Président. Il la croira ou pas. En attendant, il constate le fait du prince.

jeudi 2 juillet 2020

Lu « Avant que j’oublie » de Anne Pauly, paru aux éditions Verdier, le Prix du livre Inter 2020, premier roman de l’auteure.


On est là dans la littérature moderne, ultra-moderne, pas seulement parce que le livre vient juste de paraître ou parce qu’il raconte une histoire contemporaine - celle du vote du mariage pour tous- mais aussi par son écriture qui tourne le dos au classicisme pour un -« écrit-parlé » où les réactions spontanées, les interpellations, les commentaires se font dans le fil du texte ce qui n’est pas dérangeant mais donne au contraire un style vivant et facile à lire. Juste un peu surprenant parfois.
L’histoire est celle d’une jeune femme - est-ce autobiographique, je ne sais- qui découvre son père à la mort de celui-ci. Elle le savait costaud, alcoolique, violent - au moins oralement- insupportable et, en fouillant son domicile pour le trier, le ranger, le vider, ou bien par des témoignages et en particulier celui d’une amie d’enfance de son père dont elle ignorait l’existence, découvre un être sensible, généreux, délicatement organisé, fier de ses enfants ce qu’il ne leur avait jamais dit.
C’est un livre sensible, plein d’humanité, facile à lire mais peut-être un peu terne, manquant d’accroche, de charme. Plutôt réussi pour un premier roman.