lundi 28 août 2017

Lu "Rue de la sardine" de John Steinbeck paru chez Gallimard, collection Folio

Je n'avais jamais lu de livre du romancier américain, prix Nobel de littérature des années 60 et j'ai voulu corriger ce manque cruel dans ma culture personnelle. 
"Rue de la sardine" se passe à Monterey en Californie, dans ce port de pêche où la vie est rythmée par les retours des bateaux de pêche, les soutes pleines de sardines, et l'activité adjacente des usines de conditionnement des pêcheries. Cette rue est un monde à elle toute seule , avec son commerçant chinois, son bordel, son vieux sage , " le doc" , et son terrain vague avec ses zonards plus ou moins douteux. C'est un livre d'ambiance d'une belle richesse de descriptions diverses des personnages et des lieux. De la littérature de qualité. 

vendredi 25 août 2017

Lu aussi:

" Sauver l'Europe ! " de Hubert  Vedrine aux éditions Liana Levi ( petite maison d'édition courageuse et sympathique où j'avais publié " La Joconde et PLATINI " dans les années 80...).


Hubert Vedrine, que je connais bien, puisque nous avons travaillé ensemble pendant des années à l’Élysée d'abord auprès de François Mitterrand, puis au gouvernement aux côtés de Lionel Jospin, est un européen convaincu. Mais il n'est pas un " européiste " , c'est le moins que l'on puisse dire. Il considère même que les  européistes, ces béats élitistes de l' Europe, sont les principaux responsables de la crise profonde que traverse l'Europe. Parce qu'à force de foncer têtes baissées dans toujours plus d'Europe, plus d'élargissement, plus de transferts de compétences, sans lever la tête et , surtout se retourner, ils n'ont pas vu que les peuples ne suivaient plus . Parce qu'à force de concevoir cette Europe élitiste qui dénigre tous ses critiques en les traitant de souverainistes ou de populistes, ils n'ont pas vu la révolte démocratique venir, celle qui a provoqué le résultat du référendum de 2005, celle du Brexit.
Hubert dénonce tout cela avec force.
Mais il propose aussi un schéma de sortie de crise autour du triptyque " Pause-conférence-refondation" qui ne manque pas d'ambition.

Lectures de vacances, bien sûr :

1. " Les mémoires de la Méditerranée" de Fernand Braudel, aux éditions Fallois, paru en 1998. Un livre que j'ai trouvé dans la bibliothèque de la maison de Bretagne  de mon regretté père. Un livre qui fait écho à celui de l'ami Daniel HERRERO ( " Mes Méditerranées ") dont je relatais la lecture il y a peu dans ces pages. Il y fait écho car Braudel écrit que " sur l'immense passé de la Méditerranée, le plus beau témoignage est celui de la mer elle-même (...) Bien sûr, elle n'explique pas tout , à elle seule, d'un passé compliqué construit par les hommes (...) Mais elle restitue patiemment les expériences du passé, leur redonne les prémices de la vie , les place sous un ciel, dans un paysage que nous pouvons voir de nos propres yeux, analogues à ceux de jadis. Un moment d'attention ou d'illusion : tout semble revivre." La terre vue de la mer , telle celle du marin, différente et complémentaire de la mer vue de la terre, celle de Daniel le terrien. Le travail de Braudel porte sur la préhistoire et le monde antique, c'est à dire toute la période d'avant la naissance du calendrier chrétien. On y trouve des traces de géographie et, notamment, des phénomènes volcaniques - Ah ! Le tremblement de terre de Santorin...quel séisme ! - , une étude passionnante de la naissance de la mer vue à travers les bateaux de guerre ou de commerce, et , bien sûr, la succession des civilisations, la Crête d'abord, les Phéniciens, , les Étrusques, Athènes et Rome.  À travers ce travail si riche et passionnant, ce qui m'a frappé, c'est la mise en valeur du caractère exceptionnellement " carrefour " de cette mer : frontière du Nord et du sud, de l'Europe et de l'Afrique, elle l'est aussi de l'Occident et de l'Orient. Sur ces frontières-là, des migrants , il y en eut et beaucoup depuis des siècles et des millénaires, on semble l'avoir oublié . Ce double carrefour, c'est tout ce qui fait la complexité ..et le charme de la Méditerranée.

2. "Fendre l'armure" de Anna Gavalda, aux éditions Le dilettante, paru au printemps dernier.Un recueil de sept nouvelles. Des nouvelles inégales,  par leurs longueurs et leurs qualités mais qui ont toutes un point commun : leur auteure, avec son écriture soignée qui se lit facilement, et surtout cette sensibilité particulière qui peut la rendre aussi bien drôle qu'émouvante voire bouleversante. Cette romancière contemporaine  qui m'avait beaucoup intéressé  avec son " Ensemble c'est tout" poursuit son chemin de qualité.


3. " Les jours de mon abandon" de Elena Ferrante, traduit de l'italien par Italo Passamonti - remarquable traduction dans un français très riche - , dans la collection Folio de Gallimard. En attendant ( avec impatience !) le quatrième tome de " L'amie prodigieuse", j'ai trouvé et lu ce roman de l'auteure italienne qui date de 2004. L'histoire douloureuse d'une femme de 38 ans, vivant à Turin avec un mari cadre supérieur et deux enfants en bas âge, qui apprend du jour au lendemain que son mari la quitte. J'allais dire " une histoire banale ". Sauf que l'histoire de cette femme, de son naufrage , la mène aux frontières de la folie. Sauf,  aussi,que l'écriture et la sensibilité d'Elena Ferrante, avec son féminisme subtile et bouleversant , en fait un livre très attachant. 


4. " Cezanne"  de Bernard Fauconnier dans la même collection , Folio, de Gallimard. Une biographie fort bien faite du grand peintre Aixois, caractériel notoire au point que beaucoup le disaient fou. J'en retiens, entre autres choses passionnantes, deux faits étonnants : d'abord sa longue amitié avec Émile Zola, amitié née dans l'enfance du collège d'Aix en Provence. Amitié nourrie dans les difficultés rencontrées par l'un et l'autre à percer, chacun dans sa discipline. Amitié ressentie par Cezanne jusqu'à la mort de l'écrivain , même si les écrits de celui-ci dans " l'œuvre" , particulièrement durs pour le peintre et ses amis impressionistes, ont sonné comme une trahison . L' autre fait que je retiens,c'est que  Cezanne a commencé par être recalé au concours des Beaux Arts à Paris, avant que ses toiles ne soient refusées plusieurs années de suite au Salon officiel des peintres , organisé par les responsables de l'empire. Il faut dire que, dans ce traitement paradoxal et à bien des égards scandaleux, il était en très bonne compagnie : Manet, Monet, Renoir, Pissaro... perspicacité des responsables culturels de ces temps !