lundi 13 juillet 2020

Lu « Eichmann à Jérusalem » de Hannah ARENDT paru en 1966 chez Gallimard dans la collection Folio-histoire et traduit de l’anglais par Anne Guérin.


Ce livre est tiré de cinq articles de l’auteur parus dans «The New Yorker », un hebdo américain plutôt chic, pour rendre compte du procès du criminel nazi, arrêté en Argentine en 1960 par les services secrets israéliens et jugés à Jérusalem en 1961. Un livre qui avait fait scandale à la fois par son sous-titre, « Rapport sur la banalité du mal », par les jugements portés par Hannah ARENDT sur la personnalité d’Eichmann, un personnage « falot », une sorte de « tâcheron besogneux » et « sans envergure », mais aussi par sa mise en cause des dirigeants juifs, à travers les « Conseils juifs », dans une forme de part de responsabilité non pas de la solution finale bien sûr, mais de son ampleur, notamment dans l’élaboration des « listes de transport ».
Il y a une liberté de ton dans cet ouvrage qui est très précieuse, d’autant que, bien évidemment, l’auteure, philosophe née en Allemagne d’une famille de juifs laïcs, a fui le nazisme en 1933 pour s’exiler et s’établir aux USA, ne peut en aucun cas être suspectée d’antisémitisme. Mais il y a bien plus, de la part de l’auteur du célèbre et fondamental « les origines du totalitarisme » : elle s’attache à analyser l’action, la pratique et les résultats du tribunal de Jérusalem, démontrant que celui-ci a échoué dans trois domaines : l’affaiblissement de la justice quand elle est rendue par un tribunal de « vainqueurs », une définition univoque de la notion de « crime contre l’humanité » et la reconnaissance d’un criminel de type nouveau...
Au fond, la question reste posée : ce tribunal était-il convoqué pour rendre la justice ou pour écrire l’histoire ?
Amateur de lectures estivales légères, s’abstenir : ce livre est profond et grave.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire