lundi 7 février 2022

La Fondation « Abbé Pierre » et son Délégué général, Christophe Robert,  qui est un homme de très grande valeur, ont eu l’immense mérite d’inviter tous les candidats à l’élection présidentielle et de les interroger sur un sujet majeur :

  le logement des français et, en particulier, le logement social. C’est un sujet que je connais assez bien et depuis longtemps, puisque j’ai débuté ma vie professionnelle comme collaborateur du groupe socialiste de l’Assemblée dans les années 70 sur ce dossier, et que j’ai longtemps présidé l’Office départemental d’HLM des Hautes-Pyrénées dont je suis encore administrateur. Je préside toujours une petite Coopérative de logement social. Tout cela bénévolement, est-il nécessaire de le préciser ? Eh bien, je n’ai pas peur de dire que ce sujet, ce dossier est « Le » ( ou « un des ») grand échec du quinquennat Macron. On se souvient du très pitoyable épisode de septembre 2017 quand le gouvernement a annoncé dans la même semaine la fin de l’Impôt sur les grandes fortunes et…la baisse autoritaire des APL, allocations personnalisées au logement . Une mesure pour moi indélébile comme marqueur de l’injustice sociale. Mais ce dont on se souvient moins, c’est que devant le tollé général que cette baisse des APL avait provoqué, le gouvernement avait corrigé : « mais non, mais non ça n’amputera pas le pouvoir d’achat des locataires car… les organismes de logement social vont baisser d’autant les loyers des gens concernés » . Et c’est ainsi qu’est née la RLS ( Réduction du loyer de solidarité) qui n’est rien d’autre qu’une ponction sur les fonds propres de ces organismes d’HLM. Et le résultat ne s’est pas fait attendre : moins de fonds propres, moins d’investissement, moins de constructions neuves, moins de rénovations…les statistiques sont explicites. Mais ce n’est pas sur ce point que je veux insister puisque les chiffres parlent d’eux-mêmes.
Non, ce que je veux dénoncer avec force, c’est cette évidence trop cachée et jamais débattue : par la RLS, l’Etat a mis en place une règle aussi simple que choquante et qui s’énonce comme suit « PLUS UN ORGANISME FAIT DU SOCIAL PLUS IL EST PÉNALISÉ » . Je n’invente rien et je défie quiconque de bonne foi de me contredire. D’ailleurs c’est assez simple à comprendre: puisque la RLS est prélevée en « contrepartie » des APL baissées, plus un organisme fait du social c’est à dire plus il loge des locataires « éligibles » aux APL, plus il est ponctionné. Un organisme comme celui que j’ai présidé et qui atteint le très exemplaire chiffre de 65% d’éligibles aux APL est ainsi trois ou quatre fois plus pénalisé qu’un organisme qui n’atteint que 15 à 17%, comme dans les banlieues favorisées, ce qui est le cas par exemple de l’Office municipal de…Levallois. Madame Wargon, l’actuelle Ministre en charge du logement, ayant explicitement reconnu cette réalité devant moi l’an dernier alors que j’étais allé la voir pour plaider la cause de notre organisme, je l’avais aussitôt interrogée pour savoir quand elle allait corriger cette injustice. Réponse : « Oh ! ce n’est pas à l’ordre du jour ».

Cette choquante injustice dure toujours: la justice sociale dans le logement n’est pas à l’ordre du jour…

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