vendredi 26 novembre 2021

La tragédie du naufrage d’un bateau de migrants dans la Manche il y a trois jours,

 

une fois l’émotion, la tristesse et la colère exprimées, doit imposer la nécessaire réflexion sur le fond c’est-à-dire la gestion de la frontière Franco-britannique. Et de ce point de vue, je veux dire une conviction profonde qui est la mienne depuis près de 20 ans et dont je m’étonne un peu plus chaque jour qu’elle ne soit pas évoquée et prise en compte.
On sait que la gestion de ce problème ( l’afflux de migrants à la frontière franco-britannique de la Manche) est régie par les accords du Touquet signés en 2003 par un ministre de l’Intérieur nommé Sarkozy qui les avait triomphalement présentés comme « réglant définitivement le problème trop longtemps repoussé comme on pousse la poussière sous le tapis ». Le principe de ces accords était « simple » : la France accepte que la frontière franco-britannique soit placée en France en échange d’une contribution financière du Royaume-Uni. À nous les camps de réfugiés refusés par les anglais, à eux la signature d’un chèque.
Pendant des années au Parlement, j’ai interrogé les Ministres de l’Intérieur de Droite comme de Gauche pour comprendre les véritables fondements de ces accords par lesquels la France acceptait de porter le fardeau de ce drame humanitaire dont les responsables se déchargeaient allègrement. Comment pouvait-on accepter le principe : «Je ferme ma porte à double tour mais c’est vous qui êtes chargés de la surveiller et de gérer l’afflux de ceux qui voudraient la franchir » ? . Je trouvais ces accords tellement déséquilibrés que j’imaginais qu’il pût y avoir une clause secrète que je cherchais à élucider. En vain. Tous les Ministres refusaient de répondre. Tous sauf un, Bernard CAZENEUVE, pour qui j’ai grande estime et amitié et qui m’assura : « on ne peut pas revenir sur ces accords, au risque de créer un appel d’air ingérable ». A quoi je me souviens lui avoir répondu : « Mais Bernard, cet appel d’air ingérable n’est-il pas déjà là ?? »
Toutes réflexions faites, je fais donc cette proposition : la France doit dénoncer les accords du Touquet et placer nos amis britanniques devant la responsabilité d’assumer les conséquences de leurs actes sur leur territoire. En clair, placer la frontière non pas à Calais mais à Douvres, non pas sur la côte française mais sur la côte anglaise. Et la France, plutôt que de financer la construction d’un mur artificiel et sa conséquence épouvantable , les camps de la misère, pourrait alors mettre en œuvre un plan exemplaire de sauvetage en mer pour prévenir les tragédies au milieu de la Manche.

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