mercredi 3 mars 2021

Lu « La rafle des notables » d’Anne SINCLAIR paru chez Grasset.

 Un joli petit livre plein d’émotion qui résonne essentiellement comme le devoir de
mémoire d’une petite-fille à l’égard de son grand-père, un devoir accompli avec une sorte de soulagement tant cette histoire hantait l’auteure depuis son enfance.

Le 12 décembre 1941 a lieu à Paris la première rafle de grande envergure: 743 juifs sont arrêtés et internés au camp de Compiègne. On appelle cette rafle « la rafle des notables » car les juifs arrêtés étaient chefs d’entreprises, avocats, magistrats, enseignants, écrivains.... 743 dont Léonce Schwartz, le grand-père d’Anne qui en survécut miraculeusement après une hospitalisation au Val-de-Grâce et une évasion de celui-ci. Il survivra tant bien que mal et mourut quelques jours après la libération. Le camp de Compiègne était évidemment la première étape vers les camps de la mort où les prisonniers furent déportés en mars 42, après trois mois de vie dans des conditions épouvantables où la faim sévit comme une faucheuse odieuse : le camp de la mort lente....
Ces 743 « notables » furent vite rejoints par trois cent juifs étrangers venus de toute l’Europe qui s’étaient réfugiés en France croyant y trouver le refuge salvateur. Et c’est sans doute les conséquences de cette mixité, celle de ces deux groupes distincts de juifs emprisonnés, distincts mais réunis dans le même malheur tragique, qui m’a le plus passionné dans ces pages. Car ces deux groupes ne vivaient pas leur judéité de la même façon : les notables étaient des citoyens français très intégrés, français avant d’être juifs, beaucoup ne fréquentant pas les synagogues d’ailleurs, qui ne comprenaient pas pourquoi ils étaient là. Ou, en tout cas, qui ne comprenaient pas bien et pas tout de suite. Tandis que les étrangers, de conditions sociales beaucoup plus modestes, eux, savaient parfaitement que cette étape était la suite logique d’une ségrégation, d’une persécution qu’ils vivaient depuis des mois, des années...Cette confrontation, dans son récit et sa logique tragiques est assez bouleversante. 

Joli petit témoignage bien écrit, agréable à lire et ajoutant utilement à notre devoir de mémoire collectif.

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