vendredi 2 juin 2023

Vu « un invincible été » le film ( en fait, un documentaire, mais il a la longueur d’un film, 1h45) de Stéphanie Pillonca.

 Olivier Goy, sujet et acteur de ce film, est un jeune chef d’entreprise à qui, en
décembre 2020, on a diagnostiqué la maladie de Charcot. Pronostic terrible : trois ans à vivre dans une inexorable progression de la paralysie progressive de ses muscles. Mais l’homme décide d’ignorer ce sinistre compte à rebours et décide de vivre, dans la joie et la générosité ( il devient notamment un généreux donateur de l’ICM, institut du cerveau à qui seront versés tous les bénéfices de ce film et dont, accessoirement, je suis - avec quelques autres !-  fondateur et administrateur ).

Le titre place en exergue cette citation de Camus : «  au milieu de l’hiver j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un invincible été ». J’ai retrouvé le texte de Camus dans « L’été. Retour à Tipasa » paru en 1952, Tipasa ce somptueux site archéologique d’Algérie, au bord de la Méditerranée qui a tant inspiré le philosophe et où je me suis rendu comme dans un pélerinage émouvant il y a quelques années . Et je ne résiste pas à le citer plus longuement :
« …je redécouvrais à Tipasa qu’il fallait garder intactes en soi une fraîcheur, une source de joie , aimer le jour qui échappe à l’injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise. Je retrouvais ici l’ancienne beauté, un ciel jeune, et je mesurais ma chance, comprenant enfin que dans les pires années de notre folie le souvenir de ce ciel ne m’avait jamais quitté. C’était lui qui, pour finir, m’avait empêché de désespérer. J’avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve. Ô lumière ! C’est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin. Ce recours dernier était aussi le nôtre et je le savais maintenant. Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été invincible ». ( Peu importe que, dans le titre du film, ces deux mots soient inversés). 
Comment mieux dire la sagesse qui nous apprend à reconnaître, dans les moments les plus tristes et les plus douloureux de notre existence, le surgissement de l’été qu’est le bonheur de vivre ?
Le surgissement de l’été, dans ce film poignant, c’est le sourire d’Olivier Goy placé devant son destin. Le sourire d’un homme qui garde intacte en lui une source de joie et retourne au combat chaque jour, fort de cette lumière conquise….

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