Son père, ancien résistant et ami intime d’Albert Ferrasse encore Président de la Fédération Française de rugby, était un militant socialiste du canton de Pouyastruc, habitant Louit un joli petit village des coteaux. Son père était un ami fidèle qui m’a beaucoup aidé, dès le début, dans mon aventure politique locale de sorte que, lorsqu’il est mort il y a une vingtaine d’années, sa femme et son fils Bernard me demandèrent de prononcer l’éloge funèbre sur le parvis de la petite église de Louit devant une foule assez nombreuse. Ce sont des choses qui ne s’oublient pas. Bernard était alors fonctionnaire des douanes, ancien joueur de rugby d’un assez bon niveau ( il joua comme seconde ligne à Bègles et Agen ) et simple membre du comité directeur de la Fédération. On sait ce que fut la suite de sa carrière, Président de la Fédération française de 1991 à 2008, de l’International Rugby Board de 2008 à 2016 ( après avoir battu un anglais ! De deux voix…), vice-président du Comité Olympique français. En 2012, mon amie Valerie Fourneyron, une remarquable Ministre des Sports, compétente et sage, lui confie une mission sur la place de la France dans les instances internationales du sport et notamment dans l’Olympisme. Avec une idée derrière la tête : les JO à Paris….ce fut la nouvelle passion de Bernard, sillonnant le monde avec son bâton de pèlerin du sport français.
Jusqu’à la candidature déclarée en 2015, à la tête de laquelle il associa Tony Estanguet à ses côtés, puis la victoire de 2017: Paris allait organiser les Jeux de 2024. Mais curieusement, injustement, l’ingratitude se fit reine et Bernard fut écarté de la Présidence de l’organisation. Les ingrats en question lui offrirent une « Présidence d’honneur »….Beaucoup de ses vrais amis s’en offusquèrent mais lui, toujours bienveillant, incroyablement bienveillant, invraisemblablement bienveillant, les désarmait d’un sourire chaleureux, refusant toute polémique. Il fit alors une terrible chute dans le métro parisien, consécutive sans doute à un AVC , et s'en trouva fort diminué . Retour à Louit dont il fut un temps conseiller municipal, dans le fief familial puisqu’il avait acheté la ferme en face de celle de ses parents et s’y était installé avec sa délicieuse épouse. Puis leur fils Sébastien y fit construire sa maison sur leur terrain. Le fief familial se pérennise. Jusqu’à l’an dernier, les visites que je lui rendais étaient réjouissantes: même si les séquelles de son accident étaient réelles et qu’il se déplaçait avec lenteur et prudence, on bavardait de tout et de rien devant la baie vitrée de son salon, face à la belle campagne des coteaux bigourdans. Mais depuis quelques mois, victime d’un Alzheimer, son état se dégradait très vite. A ma dernière visite il y a quelques semaines à peine, il ne reconnaissait plus personne, pas même sa femme ou son fils, et restait prostré sur son fauteuil. J’en suis sorti bouleversé, conscient que les choses allaient se précipiter.
Il est donc parti le 2 mai, à son domicile de Louit, entouré des siens.
Je redis à sa femme, ses enfants et petits-enfants, mes pensées attristées et très affectueuses.
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