lundi 24 décembre 2018

Vu "Sauver ou périr" , le film de Frederic Tellier avec Pierre Niney et Anaïs Demoustier.


La vie dans une caserne des sapeurs-pompiers (professionnels ) de Paris, où un jeune couple habite dans un logement de fonction au milieu des grades échelles et des motopompes, au rythme des alertes et des sirènes. Ils attendent un enfant, ce sera deux jumelles. Lui s'entraîne physiquement comme un sportif de haut-niveau et passe des concours pour obtenir plus de qualification. Elle est institutrice, belle, douce et amoureuse. Le bonheur parfait va devenir une tragédie douloureuse : au moment où elle accouche, il est très grièvement brûlé, notamment au visage, dans une intervention où il s'est mis en danger pour sauver ses hommes. Hôpital, coma, souffrance, le film raconte la lente, très lente reconstruction d'un homme dont le visage a été ravagé et qui porte une cagoule de contention. Elle raconte surtout la détresse psychologique d'un héros devenu un fétu, d'un mari qui manque à sa femme, d'un père dont les enfants ne peuvent pas voir le visage. Il faut tout, tout reconstruire...
J'ai beaucoup aimé ce film, dont les acteurs sont exceptionnels Pierre Niney en particulier, où les émotions sont fortes, très fortes, où la subtilité des sentiments est convaincante.

Cette mise en cause des "technocrates", de Matignon, de Bercy et d'ailleurs, par les députés de la majorité et quelques journalistes, me fait sourire gentiment. L'histoire se répète .....et le nouveau monde adopte de plus en plus vite les rengaines de l'ancien.
Pour avoir un peu bourlingué dans les cercles du pouvoir je peux livrer ici une certitude claire, nette et incontournable : les technocrates ne sont forts .... que de la faiblesse des politiques !! Trop de Ministres, de Droite, de Gauche, du Centre et de nulle part ont oublié et oublient toujours que le premier devoir d'un Ministre est de diriger leur Ministère, de l'administrer, de s'en occuper au quotidien, de parler à ses fonctionnaires, de leur fixer un cap, de les cadrer, les encadrer, de veiller personnellement aux nominations et ne pas laisser d'autres le faire à sa place. Faute de quoi, la nature ayant horreur du vide, les vieilles rengaines refont surface.

Hommage à un fou formidable.


Jean CORMIER, dit " La Corme" pour un certain nombre d'entre nous, ses amis, était un journaliste sportif du Parisien. Il est parti des suites d'une longue maladie comme on dit. Un cancer de la prostate comme on devrait dire. Il aimait le rugby, les rugbymen, le ballon ovale. Il aimait le tour de France et, surtout, les étapes des Pyrénées. Il aimait le Pays basque où il va bientôt rejoindre sa maman, à Sainte-Engrâce. Il aimait l'Argentine, l'Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande, pays où il avait suivi tant de tournées de l'équipe de France de rugby mais où il aimait rester, pour connaître, pour comprendre, pour échanger. C'est comme cela qu'il a passé une grande partie de sa vie avec le " Che" , Che Guevara, sur lequel il écrivit un livre, réalisa un film et, récemment, une expo, à Paris. Tout simplement parce qu'il avait découvert que le "Che" avait été un troisième ligne de l'équipe de rugby de son université argentine....C'est là que je l'ai vu pour la dernière fois. Mais il aimait surtout l'amitié et la fête. Et pour l'un comme pour l'autre il était prêt à tout . Vraiment tout. C'était un seigneur de la troisième mi-temps, celle qui suit les match de rugby comme les étapes du tour de France. Et c'était un seigneur de l'amitié. De la fidélité.
Une seule anecdote parmi tant d'autres : en 1994, j'étais membre d'une délégation des parlements européens pour "observer " les premières élections libres en Afrique du Sud, c'est à dire certifier qu'elles étaient "libres et loyales" . A Johannesburg, j'apprends qu'un curé français, Emmanuel LAFFONT, est le prêtre d'une paroisse au cœur du township de Soweto, et qu'un bureau de vote sera installé dans cette paroisse. Je veux aller voir ça, connaître cet homme. Chose dite, chose faite. Emmanuel, qui est devenu archevêque depuis, est un homme simple, chaleureux, entraînant, engagé. À la fin de notre rencontre, on allait partir, il me prend par le bras et m'entraîne derrière son église. " Viens, je vais te présenter quelqu'un". Stupeur de ma part : ce quelqu'un, je le connais depuis vingt ans, c'est Jean CORMIER. " Qu'est-ce que tu fais là ?". Il était resté en Afrique du Sud après la dernière tournée du XV de France parce qu'il voulait connaître Soweto. Alors, avec Emmanuel, ils ont écrit un livre, " curé à Soweto" ...c'était ça La Corme.
Une pensée très affectueuse pour sa fille Jennifer.

lundi 17 décembre 2018

Vu " Cold War", le film de Wilder Konschak .


Pendant la guerre froide, cette intrigue amoureuse entre un pianiste très "rive Gauche" et une chanteuse polonaise qui chante dans un groupe folklorique, se situe entre la Pologne stalinienne et le Paris des années 50 où l'on commence à danser le rock dans les boîtes de nuit.
Mais l'amour est rendu compliqué, voire impossible par le stalinisme épouvantable de l'époque, l'emprisonnement de l'homme, le goulag.... et la passion débridée de cette femme. Ils se retrouveront pour une fin tragique.

Un film brut de décoffrage, en noir et blanc, avec des longueurs - notamment au début - et des lenteurs ou des silences déstabilisant, mais émouvant et d'une personnalité forte.
Plutôt à voir, oui.

Vu le musée Zadkine,


au 100 rue d'Assas à Paris et l'expo permanente consacrée, dans son ancien atelier, une jolie petite maison au fond d'un jardin intérieur en plein Paris, à ce maitre de la sculpture cubiste qui arriva à Paris en 1910 et y mourut en 1967. 

J'aime particulièrement ses sculptures sur bois que je trouve émouvantes et chaudes , qu'on a envie de caresser. 
Il y a un beau petit reportage qui passe sur une télévision ou l'artiste s'exprime sur son travail d'une façon très pédagogique.

Lu " IDISS" de Robert Badinter, paru chez Fayard

Je n'aurai pas l'outrecuidance de présenter Robert Badinter, ancien Garde des Sceaux, l'homme qui a fait abolir la peine de mort en France, l'avocat, le juriste,l'intellectuel. En un mot, l'humaniste.

Il propose là un joli petit livre consacrée à sa grand mère maternelle, Idiss, immigrée juive arrivée en France en 1912, fuyant les ghettos et les pogroms de Bessarabie. À travers cet essai sous forme d'hommage à sa grand-mère à qui il portait une affection particulière et émouvante, Robert qui a 90 ans aujourd'hui mais qui garde une allure et une vivacité d'esprit remarquables comme en témoignent ses prestations médiatiques à propos de ce livre, retrace aussi toute l'histoire de l'insertion de sa famille en France, terre d'accueil, République aux valeurs universelles … jusqu'à l'épouvantable drame de la seconde guerre mondiale, de la Shoah et de l'antisémitisme barbare qui valut la déportation et la mort de plusieurs membres de sa famille, à commencer par son père et son frère . 
Il décrit cela avec des mots simples et posés, souvent émouvants, parfois bouleversants.
Un joli livre à lire .

lundi 10 décembre 2018

Lu "Il faut dire que les temps ont changé....chronique ( fiévreuse) d'une mutation qui inquiète " de Daniel COHEN paru chez Albin Michel.


J'apprécie beaucoup Daniel Cohen, économiste réputé, Directeur du Département d'économie de l'Ecole Normale supérieure, intellectuel engagé du côté de l'humanisme et de valeurs qui me sont chères, et comme je le connais un peu, insuffisamment à mon goût, je lui voue aussi sympathie et amitié. 
Il faut dire que l'homme est brillant et bougrement intéressant. Pourtant, malgré tous ces préjugés favorables, je suis resté sur ma faim avec cette lecture d'un ouvrage ambitieux qui s'appuie sur le fameux ouvrage de Jean Fourastié, "Le grand espoir du XXème siècle " paru en 1949..... il y a bientôt 70 ans, devenu un classique de l'économie politique et dont toutes les théories ont été confirmées . En particulier le rôle central donné au progrès économique et à son évolution pour expliquer les révolutions agraire d'abord, industrielle ensuite ... et, maintenant la révolution des services et l'avènement de la société digitale (que n'avait pas prévu Fourastié, n'exagérons pas, mais qui est au cœur du raisonnement de Daniel Cohen).
Mais pour arriver à cette société digitale, l'auteur prend de drôles de détours ! Un accent très appuyé donné à mai 68, qui ne me parait pas convaincant du simple point de vue économique, un retour sur la théorie des cycles de Kondratiev qui n'apporte pas grand chose de mon point de vue , et une tentation un peu facile de parler de tout au nom d'un œcuménisme, respectable quand il s'agit de se référer à l'humanisme d'un bel esprit du XXIème siècle, mais qui peut tomber dans la facilité : je n'ai pas aimé, en particulier ce passage sur le radicalisme musulman et l'évocation du débat et du clivage intellectuel qui oppose Olivier Roy et Gilles Kepel, traité en quelques lignes et tranché curieusement.
Et puis, même sur la société digitale qui se dessine et dont l'avènement est l'aboutissement du raisonnement de Daniel Cohen, je regrette que dans la balance avantages-inconvénients qu'elle présente, et au chapitre de ses risques, il ne fasse état que de la situation ultra-dominante des GAFA sans même évoquer d'autres risques et dangers comme l'aliénation à l'écran, la déshumanisation des rapports sociaux ou le déchaînement d'agressivité des réseaux sociaux.
Mais bon, c'est un livre vraiment intéressant : simplement il prend trop de détours pour parvenir à sa conclusion et pas assez pour traiter de celle-ci...

dimanche 9 décembre 2018

Vu " les chatouilles",

 le film écrit et réalisé par Andréa Bescond et Eric Métayer, adaptation de la pièce de théâtre éponyme, avec Andréa Bescond, Karine Viard - remarquable dans son rôle de la mère odieuse- et Clovis Cornillac . 

Une œuvre autobiographique d'Andréa Bescond qui, dès l'âge de huit ans, fut violée à de nombreuses reprises par le meilleur ami de ses parents, dans l'aveuglement de ceux-ci, avant d'en subir les conséquences dramatiques qu'on imagine, traumatisme psychologique, violence caractérielle, drogue...et puis, enfin, la décision d'aller voir une psy, la libération progressive de la parole, la plainte, le procès. 
Ce film est un terrible coup de poing à l'estomac pour toute personne dotée d'une humanité normale, et notamment les pères où les mères de famille qui ne manqueront pas de s'interroger en sortant du cinéma : "ai-je bien tout vu de mes enfants ?". 
C'est un terrible uppercut au foie avec deux moments particulièrement bouleversants quand le père apprend la vérité et conduit sa fille au commissariat, et quand la sœur de l'accusé témoigne au procès et avoue qu'elle a vécu la même chose de son frère...
Au fait, ne parlons plus jamais de ces gens comme des " pédophiles" , comme s'ils pouvaient "aimer" les enfants ! Appelons-les par leur nom , des pédocriminels....

mercredi 28 novembre 2018

Lu...



Lu...le dernier Prix Goncourt, " Leurs enfants après eux"  de Nicolas Mathieu, paru chez Actes Sud ( encore un bingo pour la maison arlésienne dont la patronne n'est plus Ministre mais qui trouvera là un lot de consolation....).
 
Que dire de ce livre ? C'est du sérieux, presque une étude sociologique. Grave, puisque ça se passe dans une vallée de l'Est de la France touchée par les reconversions post-sidérurgiques. Triste puisque les personnages et, notamment, le jeune héros Anthony sont ternes, presque "a-sentimentaux". 
Bien écrit, encore que le genre " écrire comme parlent ces gens-là" n'est pas toujours convaincant. 
Long, sans doute un peu trop.
 
Il a été récompensé par des personnalités qualifiées...donc c'est un bon livre. Mais ce n'est pas un " beau " livre, un de ceux qui marquent et qui comptent. 
Et je m'étonne encore que Monsieur Bernard Pivot ait éliminé de sa sélection le magnifique " Le lambeau" de Philippe Lançon , sous prétexte que ça n'était pas exactement un roman, mais qui , lui, est un beau livre qui aurait honoré le Goncourt. 
Une occasion de perdue.

Vu " Bohemian Rhapsody",


le film de Bryan Singer qui retrace la vie du groupe musical Queen et de son
chanteur si emblématique, Freddie Mercury,  né à Zanzibar où je m'étais recueilli devant sa maison il y a quelques années, mort du Sida en 91 et enterré... au père Lachaise ! Autant dire qu'appréciant beaucoup cette musique de rock si créative et entraînante, ce groupe si original et ce chanteur à la personnalité décalée et touchante, j'ai beaucoup aimé ce film qui m'a, en particulier, profondément ému.

lundi 26 novembre 2018

Un édito que je signe ce jour pour " l'Aurore".

Réformer la loi de 1905 ? Attention danger....


Ainsi donc, après la Garde des Sceaux, le Ministre de l'Intérieur vient de le confirmer : le gouvernement sous l'égide du Président de la République s'apprêterait à réformer la loi de 1905 dite "de séparation des églises et de l'Etat". Avant d'en venir au fond, je voudrais faire quelques remarques préalables .
D'abord une réflexion de prudence : nous n'avons pas pour habitude à "L'Aurore" ni de nous lancer dans des spéculations hasardeuses à partir de rumeurs ou de bruits de couloirs, ni d'intenter des procès d'intention à quelque autorité publique que ce soit. Notre volonté, au contraire, est bien d'alimenter le débat public avec des contributions de fond aussi sérieuses et argumentées que possible. Or, à ce stade, nous ne connaissons pas le contenu réel du projet gouvernemental et nous ne pouvons pas, sérieusement nous prononcer à partir de "pseudo-fuites " d'un quotidien en mal de scoop. Nous le ferons donc, le moment venu, en livrant notre analyse approfondie au vu des propositions officielles et, dans l'attente, ne pouvons que lancer quelques remarques et avertissements préalables.
Rappelons que ce gouvernement et ce Président ne sont pas les premiers dans l'histoire contemporaine de la République à vouloir réformer la loi de 1905 ! Sans être désobligeant, Nicolas Sarkozy, avant eux, s'était engagé dans cette voie avec renfort de tambours et trompettes, employant d'ailleurs les mêmes mots que l'actuel Ministre de l'Intérieur, " il n'y a pas de tabou",.....avant d'y renoncer piteusement devant l'épreuve concrète de la tâche ! Alors, restons prudents et attendons de voir.
On peut néanmoins rappeler à nos ambitieux réformateurs que cette obsession qui est la leur - et de certains de leurs prédécesseurs - de "faire une place", comme ils disent, à la religion musulmane, puisqu'il faut appeler un chat un chat, s'est toujours heurté à une réalité incontournable : il est d'autres religions en France qui attendent à la porte de l'éventuelle réforme avec leurs listes de revendications dont certaines sont très anciennes, et qui non seulement n'attendent qu'une chose, que la porte s'entr'ouvre, mais en outre auront beaucoup de mal à admettre que celle-ci ne s'ouvre que pour une religion et par pour elles. Si j'ose dire elles sont dans la file d'attente depuis beaucoup plus longtemps.... Je pense en particulier à la religion protestante dont certains responsables ont rappelé publiquement et à juste titre cette vérité, lors de ces derniers jours. Il y a donc toujours un premier risque qu'un responsable politique ne doit surtout pas sous-estimer : celui d'ouvrir une boîte de Pandore dont on ne mesurerait pas les limites.
Venons-en au fond : s'il y a bien des articles de la loi de 1905 qu'il ne faut toucher à aucun prix, ce sont les deux premiers qui touchent aux principes républicains majeurs , "La République assure la liberté de conscience. Elle garantit le libre exercice des cultes sous les seules restrictions...dans l'intérêt de l'ordre public" et "La République ne reconnaît, ne salarie, ni ne subventionne aucun culte". Ce sont les principes-mêmes de la séparation. Non seulement il ne faut pas y toucher dans la mesure où ils sont constitutifs du pacte républicain qui fonde la cohésion de la Nation, mais si l'on voulait bien m'écouter, on les "mettrait à l'abri" de toute volonté de réforme dangereuse....en les constitutionnalisant ! En 2012, je l'avais proposé à François HOLLANDE, alors candidat, qui l'avait accepté.....le temps de quelques jours . Le temps du discours du Bourget où cette annonce fut la plus applaudie - ce qu'il me fit remarquer lui-même...- , jusqu'à ce que les rédacteurs de son programme aient, avec son aval hélas, honteusement saboté cette proposition sonnant très vite l'heure des désillusions et des reniements.
Si l'actuel Président veut reprendre cette proposition, je l'applaudirais volontiers ! Sans tomber dans le piège du procès d'intention que je dénonçais plus haut, ça n'est pas exactement la philosophie qu'il a exposée dans son discours des Bernardins et je ne me fais donc pas trop d'illusion.
Restent les dispositions pratiques qui, dans les 42 autres articles de la loi, visent à appliquer concrètement ces principes. Ils ont fait, c'est vrai, l'objet de plusieurs révisions depuis 1905 et l'on ne voit pas qu'on puisse s'en fermer la porte, sous les réserves-mêmes énoncées plus haut. Mais à condition que l'on commence par se demander si une ou des modifications législatives sont bien nécessaires quant il s'agirait d'abord de faire appliquer fermement et sereinement les lois de la République. Le contournement de la loi de 1905 sur les associations cultuelles par celle de 1901 ? Une tolérance et des abus sur lesquels on ferme les yeux depuis trop longtemps. Les protestants de France qui sont, ne l'oublions pas, les principaux "bénéficiaires" du statut des associations de 1905 le savent mieux que quiconque. Fermer des mosquées, expulser des imams intégristes ne demande nulle loi nouvelle mais un peu de courage et de fermeté ! La République s'en trouve toujours confortée.
L'idée de "mieux contrôler" pour éviter les dérives intégristes ne me gêne pas, bien au contraire s'il s'agit d'impulser de la transparence, mais cette histoire de "label" accordé par l'Etat à ces associations me parait tout à fait contraire aux principes de séparation . Quant à savoir si des fonds qui financent des mosquées sont liés ou pas à des puissances étrangères, question que personne n'a jamais posé pour le Vatican, il me semble que la République et son bras séculier, l'Etat, a tous les moyens de le savoir sans user de quelque loi que ce soit.
On le voit, ce projet pose beaucoup de questions qu'il importera de regarder posément le moment venu, quand les intentions du Président et du gouvernement seront précisées. Là encore, je conseillerais volontiers à ceux-ci de se défier de toute forme d'arrogance et de vanité telle qu'on a pu en connaître dans un passé récent : " Moi je"... "Moi je vais régler la question de l'Islam de France là où tant de politiques ont échoué.."
Posons-nous la question : la question de l'Islam de France, de l'Islam en France ne se pose évidemment pas comme en 1905 quand cette religion n'existait que dans des départements d'outre-mer ou dans les " colonies". Mais elle ne se pose pas non plus comme elle se posait il y a 20 ans ! Ce qu'on appelait "l'Islam des caves" , faute de mosquées suffisantes, a complètement disparu de notre paysage. Sait-on qu'en vingt ans on a construit plus de 2500 mosquées en France ? Avec la loi de 1905 ! Il en va de même avec les prières dans les rues qui ont aussi disparu après avoir été trop longtemps tolérées. Sur tous ces sujets la République a su s'adapter sans se renier. Veillons à ce qu'elle poursuive dans cette voie.
Jean Glavany
Ancien Ministre , Président de l'Aurore.


Gilets jaunes ou démocratie sociale ?


Il est difficile de porter un jugement sérieux et serein sur ce mouvement dit des "gilets jaunes" .
D'abord parce qu'il est divers, très divers, qu'il regroupe des citoyens venus de tous les horizons politiques, et que ses revendications sont aussi très variées d'un département ou d'une région à l'autre.
Ensuite parce qu'il est "désincarné " au sens où il n'a pas de leader ou de porte-parole légitime, susceptible de synthétiser et porter ces revendications.
Enfin parce qu'il fait le choix d'un "désordre consciemment provoqué " qu'il est difficile d'approuver en République qui est un régime "d'ordre librement consenti".
Disons que tout cela exprime, dans une spontanéité plus ou moins "organisée" via les réseaux sociaux, un vaste " raz-le-bol" citoyen dont " la goutte d'eau qui a fait déborder le vase" semble avoir été la hausse de la fiscalité dite " écologique" sur les carburants.
Soit.
Et le gouvernement comme le President ne savent pas comment prendre ce problème qui leur échappe. Il faut dire : la fameuse goutte d'eau qui a fait déborder le vase est plutôt intelligente d'un point de vue de l'urgence climatique et revenir dessus serait non seulement se renier mais aussi tourner le dos aux vraies urgences.
Seulement voilà, la politique est parfois irrationnelle et le "ressenti " par les citoyens n'est pas toujours celui que voudraient les gouvernants si rationnels et raisonnables : dans ce moment, c'est la revendication sur le pouvoir d'achat qui emporte - presque- tout sur son passage. Et l'exécutif ne l'a pas vu venir car ces "ressentis-là" ne s'enseignent pas à l'ENA et nos inspecteurs de finances n'en sont pas les meilleurs spécialistes....
Il est néanmoins une première leçon que je tire de cet épisode qui n'est pas encore achevé : c'est que l'absence de démocratie sociale porte toujours en elle les risques de ces débordements spontanés et non maîtrisables. Et quand un exécutif, bardé de ses certitudes et de leur infaillibilité, fait si peu de cas depuis un an et demi de ces "corps intermédiaires" pourtant indispensables au bon fonctionnement de notre démocratie, il ne peut pas s'étonner de se trouver ainsi confronté à ces difficultés. On ne peut pas théoriser à l'infini sur..." les partis dépassés et archaïques, les parlementaires trop nombreux et qui ne servent qu'à ralentir les processus de décision, les élus qui ne pensent qu'à se faire réélire dans la démagogie et qui coûtent un pognon de dingue, les partenaires sociaux infoutus de s'entendre , les syndicats d'un autre âge qui ne comprennent rien à la modernité ".... non, on ne peut pas théoriser tout cela et se plaindre que la cocotte explose d'une manière ou d'une autre.
Car pour agir efficacement et durablement, il faut entraîner la société tout entière. Et pour cela la magie du verbe et l'outrance des certitudes assénées ne suffisent pas : il faut au pouvoir des relais pour partager les objectifs et les voies empruntées.



De ce point de vue, on ne peut que regretter la fin de non-recevoir opposée par le Premier Ministre, qu'on croyait plus sage, à  la proposition de Laurent Berger d'engager une négociation sur cette transition écologique. 
Oui, on attendrait volontiers que se lève un responsable politique qui dise haut et fort en ce moment : attention danger ! Il faut d'urgence retrouver les voies de la démocratie sociale !! Il faut d'urgence rétablir la confiance dans les corps intermédiaires qui sont indispensables à notre démocratie ! Il faut vite  donner à ces derniers du grain à moudre pour la négociation !
Oui, messieurs les gouvernants, ne voyez-vous pas que notre pays a besoin, plus que jamais, d'un contrat social ?

dimanche 18 novembre 2018

Lu “ Un déjeuner à Madrid” de Claude SERILLON, paru aux éditions du Cherche Midi.

On connaît l’ami Claude, journaliste de télévision longtemps, de presse écrite encore aujourd’hui puisqu’il est éditorialiste dans plusieurs grands journaux de province, écrivain prolixe, homme de conviction et d’engagements, ami délicieux au demeurant.

 Il livre ici un drôle de roman. Je dis “ drôle” pour son parti pris parce qu’il part d’un fait réel, un fait historique méconnu, un déjeuner en 1970 entre Franco, encore au pouvoir, et De Gaulle qui ne l’est plus depuis un an, pour en faire un roman. Mais un roman qui n’est pas que fiction car l’auteur a travaillé et scrupuleusement cherché tout ce qui a pu se dire ou écrire sur ce fait à l’époque, épluché tous les témoignages, afin que le dialogue, fruit de son imagination, soit le plus vraisemblable possible. Une sorte de roman historique , genre littéraire original et difficile. Et ce dialogue entre ces deux généraux vieillissants, dont les choix ont été si différents voire opposés notamment au moment de la seconde guerre mondiale, dans le contexte de l’époque soigneusement rappelé par l’auteur, ne peut pas ne pas intéresser les amoureux de l’histoire contemporaine. Et ceux pour qui le gaullisme fut une trace marquante de l’histoire de France, ne manqueront pas de s’interroger avec l’auteur sur ce curieux « dérapage » de De Gaulle . 
A lire, bien sûr.

samedi 17 novembre 2018

Un hommage à Jerome Robbins à Garnier.

    Hommage au grand danseur et chorégraphe new-yorkais mort en 1998 à l’âge de 80 ans.

    Un hommage divers :
    Le premier ballet, «Fancy Free » sur une musique de Leonard Bernstein est une parodie de comédie musicale sans grand intérêt.

    « A suite of dances » sur des musiques de Bach est d’un autre acabit : un solo élégant dansé par Hugo Marchand, ou plutôt un pas de deux du danseur avec une violoncelliste éblouissante qui participe largement de la qualité du duo... joli ballet qui a 34 ans mais n’a pas vieilli.


    «Afternoon of a faun»
    Sur une musique de Debussyest beaucoup plus vieux puisqu’il a 65 ans. Mais ce pas de deux, joliment dansé par Myriam Ould-Braham et Audric Bezard est harmonieux et délicat. Presque émouvant.
    Enfin « Glass pieces » est un ballet enlevé et rythmé pour... 40 danseurs et danseuses sur une musique de Philipp Glass que je ne connaissais pas. Un ballet créé en 1983 . Plutôt agréable et mettant en valeur la profondeur du travail du corps de ballet.
    Bref, au total, un bien doux moment.

Suite d'un séjour parisien et culturel :


- vu l'exposition " Picasso, Bleu et rose" au musée d'Orsay. Très belle expo. Très belle et, en même temps, (puisqu'il faut désormais employer systématiquement ce balancier si officiel...) très ciblée : il s'agit d'une visite du travail de l'artiste sur une période très limitée, 1900-1906, c'est-à-dire quand Picasso a entre 18 et 24 ans, une période où il se partage entre Paris et Barcelone. 

Une période où l'artiste "se cherche" mais à partir d'un trait de crayon déjà admirable, où il affiche quelques influences notoires (Goya, Velasquez mais aussi Van Gogh ou Cézanne) où il rencontre les affres de son environnement social (la prostitution à Barcelone..) ou bien pleure la mort d'un jeune ami très cher, Casagemas qui s'est suicidé par dépit amoureux...une période où l'on voit apparaître l'Arlequin comme figure centrale de l'inspiration de Picasso, une période bleue avec le si classique tableau "la vie" avant la période rose. Vraiment, une très belle expo.

-je n'en dirai pas autant de l'expo Giacometti au musée Maillol.
Certes il y a quelques belles statues de Giacometti et, en particulier la célèbre " homme qui marche" ou bien "la forêt" mais elles ne sont pas si nombreuses....alors l'expo mobilise nombre de statues d'amis ou contemporains de l'artiste, belles statues d'ailleurs comme celles de Bourdelle, mais j'en suis sorti un peu frustré...



  • - enfin, à la Comédie française, un magnifique "Lucrèce Borgia" du grand Victor Hugo, dans une mise en scène de Denis Podalydès et des costumes de Christian Lacroix avec, notamment, Eric Ruf. Une très belle pièce, poignante, une belle mise en scène, des acteurs parfaits (même s'il faut veiller à la bonne compréhension quand on crie trop fort ou que l'on parle trop bas... éternel problème du théâtre..) . Et un texte qui a 150 ans - même s'il n'est entré au répertoire du français qu'en 1918- et qui garde tout son modernisme, son actualité, sa pertinence. 

    Ah la trahison ! Ah la vengeance ! Très beau spectacle.

Et, pour achever cette séquence..... «Depardieu chante Barbara » au cirque d’hiver.


Étonnant . Et même bluffant. Un Depardieu qui avoue ne pas être chanteur mais qui s’y colle avec un certain talent musical. Ça passe très bien de ce point de vue même dans les très aigus comme le «quand » de quand reviendras-tu ! 
Mais surtout un Depardieu étonnement tendre, délicat, émouvant. Presque fragile, ce qui laisse pantois connaissant le personnage. En tout cas, un fort bon moment malgré l’organisation déplorable qui laisse une longue file d’attente se former sur le trottoir sans vergogne, obligeant le spectacle à commencer très en retard. Mais bon, Depardieu et Barbara si bien réincarnée effacent tout cela...

Deux expos et un spectacle à voir :


- MIRO au Grand Palais. L'expo est immense et le nombre d'œuvres exposées considérable. C'est une magnifique occasion de revisiter la vie de cet artiste qui vécut si longtemps à Paris, qui fut l'ami d'Aragon, Eluard, Picasso, Matisse, Calder et tant d'autres et qui fut, évidemment, profondément marqué par


l'épouvantable drame de la guerre civile espagnole, lui qui réalisa pour l'expo universelle de Paris en 1937, le très grand panneau mural " El Segador" ( le faucheur) exposé en face du "Guernica" de Picasso. J'ai été très intéressé par les vidéos exposées où l'on voit de longs interviews de lui. 
À propos de "Bleu 1, Bleu 2 et Bleu 3" les œuvres monumentales peintes dans la dernière partie de sa vie, il dit "elles m'ont pris beaucoup de temps, pas tant pour les réaliser que pour les concevoir, les mûrir, les accoucher"... Très belle exposition.

-ZAO WOU KI au Musée d'Art moderne, un autre peintre étranger, chinois en l'occurrence, longtemps accueilli en France, plus récemment que MIRO.
C'est une peinture puissante, profonde, pas franchement gaie, mais qui ne "transmet " pas grand chose. En tout cas, qui ne me transmet pas grand chose sauf peut-être un tableau superbe " Quand le vent balaye la mer ".

- Et puis ce spectacle original de Fabrice LUCHINI qui lit - ou récite ! magnifiquement, comme d'habitude...- des textes de la littérature française entrecoupés de morceaux de musique classique joués par un violoncelliste et une pianiste italienne, par ailleurs ravissante. 

C'est un heureux mélange assez bien rythmé et animé par un LUCHINI qui avoue ne rien savoir de la musique classique et faire confiance aux musiciens pour choisir les "illustrations " musicales des textes. Ça prend parfois des tournures surprenantes ( pourquoi marier Debussy avec Baudelaire ?...) mais ça donne un spectacle bien agréable. " Et surtout, gardez votre dignité, c'est la richesse de la Civilisation française" dit le bon Fabrice à son public pour le remercier....

dimanche 4 novembre 2018

Lu " A son image " de Jerôme Ferrari paru chez Actes sud, une maison d'édition qui vient de récupérer sa patronne, un temps égarée en politique....tant mieux pour la maison d'édition.

Jérôme Ferrari revient en Corse pour ce roman comme pour celui qui lui avait valu le Goncourt en 2012 avec " Le sermon sur la chute de Rome" . Une Corse qu'il connaît bien puisqu'il y vit et y enseigne la philosophie. 

Un roman qui est un hommage funèbre - un roman sombre donc ...- à Antonia, une photographe Corse , morte à 38 ans dans un accident de la route au petit jour sur une route sinueuse de l'île alors qu'elle revenait de Calvi où elle avait fait les photos officielles d'un mariage et où elle avait retrouvé un légionnaire serbe qu'elle avait connue dix ans auparavant, dans un reportage sur le conflit en ex-Yougoslavie. Le prêtre qui va dire la messe de ses obsèques est son oncle, parrain , confident et ami intime. Et son oraison, comme le livre, est une occasion de revisiter la vie d'Antonia, " A son image" c'es à dire à l'image des photos prises par elle . Mais la vie d'Antonia était partagée entre les photos de mariage ou de reportages dans des fêtes  de villages qu'elles réalisait pour le quotidien de l'île, photos sans grand intérêt pour elle si ce n'est pour gagner sa vie,  et ses photos non publiées comme celles sur ces reportage dans les Balkans où elle croisa la violence, la vraie. Ajoutez à cela sa vie pendant longtemps avec un chef nationaliste dont elle s'était séparée par refus d'une vie à attendre ses retours de prison et par mépris pour ces querelles entre factions qui sont si loin des vraies misères du monde, un nationaliste qui mourra de cette violence Corse  souvent folle ....et ça donne à l'exercice du prêtre une couleur parfois décousue mais émouvante.

Exposition de Jean-Michel Basquiat à la Fondation Louis Vuitton.

L'œuvre incroyable d'un artiste dont la création n'a duré qu'une dizaine d'années puisqu'il est mort d'une overdose en 1988 alors qu'il n'avait que 28 ans à peine. 
Cet homme qui fut avec ses amis  Andy Warhol - mort en 87 à 59 ans, l'aîné  de la bande-,  Keith Haring - mort à 30 ans du sida en 1990- et quelques autres au cœur de cette Culture alternative que certains appelaient" underground" mais qui ne l'est pas restée longtemps et  dont New York était le berceau. 
J'aime cette peinture qui est d'abord un cri de colère contre le racisme et  l'esclavagisme de la part d'un homme de père haïtien et de mère d'origine portoricaine. 
J'aime cette peinture que certains diront naïve ou caricaturale mais qui est surtout expressive. 
J'aime cette peinture remplie de mots qui témoigne d'une angoisse de n'être pas assez compris. 
J'aime cette peinture d'un noir qui aime les grands champions noirs, Ray Sugar Robinson  ou Cassius Clay. 
Une très belle exposition.

Vu "Tartuffe" de Molière au théâtre de la Porte Saint-Martin dans une mise en scène de Peter Stein, avec Pierre Arditi et Francis Weber.

Pas la peine de s'appesantir sur cet immense classique du théâtre français, entré depuis trois siècles dans la culture populaire de notre pays au point de lui donner des mots comme " tartufferie" , symbole de cette attitude de celui qui affecte une dévotion et une vertu profondes pour mieux tirer avantage de son entourage. Une hypocrisie portée à l'extrême traitée avec talent par l'immense Molière et, finalement, d'une formidable actualité. 

Mais ce qui ressort de ce Tartuffe-là, ce sont deux choses :
- d'une part la mise en scène moderne et originale de Peter Stein , l'acteur et metteur en scène allemand si talentueux. Au prix de quelques coupes qu'on lui pardonne, à la fois moderne et dépouillé,  il fait de ce Tartuffe une pièce très actuelle  et bien rythmée, vivante et drôle à souhait . Bravo.
- d'autre part la cohabitation de deux acteurs qui sont des monstres sacrés du théâtre français , Francis Weber et Pierre Arditi qui, curieusement, n'avaient jamais joué ensemble. Ces deux géants sont magnifiques et semblent vraiment prendre du plaisir ensemble. Le public aussi !
À l'issue du spectacle, nous sommes allés les saluer dans leurs loges car il se trouve que je les connais un peu, pour Francis, mieux en ce qui concerne Pierre. Ils donnaient plus que l'impression, la certitude de s'être bien amusés ensemble sur scène. Le vrai théâtre quoi.

Lu " Salina. Les trois exils" de Laurent Gaudé, paru chez Actes Sud.

Laurent Gaudé est un des écrivains français contemporains parmi les plus talentueux. Depuis « Le soleil des Scorta" qui lui valut le prix Goncourt en 2004, il va de succès en succès. Je ne le connais pas mais pour l'avoir vu et entendu à plusieurs reprises dans les médias, je m'en suis fait un ami virtuel car c'est assurément une belle personne, un humaniste véritable . 

Ce dernier livre beau et émouvant , raconte l'histoire d'une femme, africaine sans doute mais ça n'est jamais précisé, ni les lieux, les dates ou l'époque non plus, qui aura vécu une longue vie d'errance solitaire et d'exils successifs marqués par les naissances de trois fils : un fils de la haine né d'un mariage forcé et d'un viol, un fils de la colère et de la vengeance, et un fils de la pacification avec sa tribu d'origine, fils donné en forme de pardon dans une scène bouleversante par la femme du seul homme qu'elle ait jamais aimé, nouveau chef de la tribu qui l'a tant répudiée...Un fils qui va raconter la vie de Salina lors d'une longue cérémonie d'enterrement qui les mène, en barque, accompagné par tout un peuple, jusqu'à l'île-cimetière où elle reposera, en paix, dans tous les sens du terme.
C'est vraiment un livre à lire.

lundi 22 octobre 2018

Vu " les frères Sisters" , le dernier film de Jacques Audiard.

Un western, figurez-vous, ce qui relève de l'extrême rareté dans le cinéma français. Même si, compte tenu des lieux de tournage, des acteurs engagés  et des financiers mobilisés, on doit peut-être et plutôt parler de cinéma france-américain. Mais enfin, soyons fiers du créateur, Jacques Audiard, qui est un très grand cinéaste, capable de faire des films aussi différents que "Le prophète" et ce film. 

Ce western se passe dans l'Ouest américain au milieu du 19ème siècle, au temps de la "ruée vers l'or". Les frères Sisters, magnifiquement joués par Joachim Phœnix et John C.Reilly, sont deux tueurs à gage embauchés par un commodore pour poursuivre  un chercheur d'or qui disposerait d'une mystérieuse formule chimique pour découvrir l’or dans les rivières. Mais ce ne sont pas des tueurs à gage comme les autres, j'allais dire comme Clint Eastwood dans les films de Sergio Leone, secret et taiseux au possible. Non, ceux-là sont bavards et expansifs. Entre eux d'abord, pour dévoiler une relation fraternelle violente et tendre, bâtie sur l'hérédité d'un père alcoolique et brutal. Avec les autres ensuite, le cadet se livrant à chaque étape, dans chaque bar, à toutes les débauches possibles sous la protection à la fois bienveillante et sévère de son aîné.
Ils finiront par retrouver un autre binôme constitué du fameux chercheur d'or et d'un détective privé austère, idéaliste et non violent,  lancé en éclaireur par le commodore. Ces quatre-là vont se renifler tant ils sont différents, et finalement s'entendre. S'entendre pour mettre en œuvre la méthode chimique miracle : elle marche mais c'est un désastre écologique, avant qu'un "pétage  de plomb " du cadet Sisters n'en fasse aussi un désastre humain : deux morts...et le cadet grièvement blessé devra être amputé d'un bras ( scène insoutenable) . 

C'est peut-être là que ce beau film, si bien tourné autour d'images superbes, et si bien joué dans une étude psychologique intéressante, pêche un peu. Par ce que j'appellerai ses "clichés" . Celui du désastre écologique : tout est permis en Amérique mais on sait où tout cela mène et ça n'est pas récent. Soit. 
Comme celui de la fin et du retour au bercail : face aux  aventures les plus violentes, rien ne vaut un bon retour aux racines familiales. Soit encore.

jeudi 18 octobre 2018

Lu " Khalil " de Yasmina Khadra paru chez JUILLARD.

Même si je ne suis pas un inconditionnel de Khadra dont le parcours d'ancien flic et militaire algérien a connu, forcément, des zones d'ombre, je lis toujours ses livres avec intérêt et plaisir. 
Celui-ci ne dépare pas et se lit très facilement. Mais son parti-pris est à la fois original et casse-gueule ! Voyez : l'auteur parle à la première personne et il n'est rien de moins qu'un terroriste djihadiste, un de ceux qui ont participé aux attentats de novembre 2015 à Paris et, plus particulièrement, de l'équipe qui a sévi au stade de France, heureusement sans les conséquences encore plus tragiques qu'on pouvait en craindre. Plus précisément, le narrateur, porteur d'une ceinture d'explosifs, devait se faire sauter dans le RER, à la sortie du match, au milieu des supporters sortant du stade. Mais quand il a appuyé sur le bouton de mise à feu, la ceinture n'a pas explosé. Paniqué, sans un sou, sans un papier d'identité, l'homme réussit à rejoindre la Belgique et le quartier de Molenbeck de sa naissance et de sa résidence où débute alors une longue planque pour se faire oublier. Pour se faire oublier....avant que le "réseau " ne le reprenne en mains pour l'envoyer sur une autre mission. Entre temps, le récit se perd dans les longues méditations de l'intéressé sur le "pourquoi" et le "comment " de son engagement, une méditation lourdement perturbée par la mort de sa sœur jumelle chérie dans ....les  attentats terroristes du métro de Bruxelles.
C'est facile à lire mais loin d'être convaincant car un roman ne permet pas si facilement d'expliquer non pas l'inexplicable mais ce qui échappe à la rationalité commune....

dimanche 14 octobre 2018

Khan al Ahmar


Khan al Ahmar est un nom qui ne vous dit peut-être rien mais qui pourrait avoir de bien lourdes conséquences dans une partie du monde déjà bien martyrisée, le Proche-Orient. C'est le nom d'un petit village de deux cents habitants installés là depuis des décennies. Un village bédouin de Cisjordanie. Un village palestinien situé en lisière de Jérusalem.
Depuis le 1er octobre et la fin d'une longue, très longue bataille judiciaire, ce village est condamné à être totalement détruit et ses habitants vivent désormais avec l'angoisse de l'arrivée des bulldozers israéliens . Chronique habituelle de la multiplication des colonies israéliennes en terre de Palestine ? Oui, si on n'y regarde que superficiellement. Car Khan al Ahmar n'est pas situé n'importe où : à Jerusalem-Est, sa destruction permettrait aux colonies voisines déjà existantes de s'étendre et, tout simplement couper complètement Jérusalem de la Cisjordanie ce qui n'aurait, comme bien modeste conséquence, que d'entraver la continuité d'un futur - et hypothétique j'en conviens - État palestinien... Le Consul général de France à Jérusalem ne s'y est pas trompé puisqu'il va même jusqu'à déclarer que se joue-là la viabilité de la solution dite " à deux États" ....
L'Union européenne a protesté avec véhémence. Mais elle s'est faite sévèrement rembarrer par le gouvernement de Netanyahou qui lui reproche de s'immiscer dans ses affaires intérieures, et de grossir artificiellement une affaire de relogement d'une population qui vivait jusqu'ici dans la précarité et l'inconfort et pourra désormais bénéficier d'une école neuve, l'eau courante, l'électricité et le tout-à -l'égout....qui pourrait désapprouver une telle générosité ?
Quant aux risques qui pèsent sur la solution du conflit, le Ministre de La Défense israélien LIEBERMANN, connu pour sa sagesse et sa modération, balaie l'argument d'un revers de la main : "qui peut croire, dit-il, qu'un conflit historique si complexe pourrait voir sa résolution empêchée par le déplacement d'u groupe de gens de quelques kilomètres ? C'est absurde."
Puisqu'il le dit .....

Lu, ou plutôt relu " Les justes " la pièce de théâtre d' Albert Camus paru en poche chez Gallimard.


Pièce-culte racontant de l'intérieur le projet d'attentat de terroristes russes sous l'ancien régime et leurs débats internes. Internes au double sens "entre eux" et "en eux-mêmes".
Yanek ne pourra pas lancer sa bombe sur la calèche du grand Duc car les visages de deux enfants y apparurent.... aussitôt sa capacité d'agir pour la révolution est mise en cause par certains de ses pairs. Mais Dora l'aime et le soutient. Il finira par réussir dans sa tâche quelques jours plus tard. Vient alors le deuxième procès d'intention : a-t-il trahi ? Les a-t-il dénoncés ? Son exécution le lavera de tout soupçon. Et Dora, folle de douleur et de joie obtiendra le privilège de lancer la bombe suivante.
Ce qui m'a le plus ému dans ce texte, c'est...son contexte. Et, en particulier la distribution de la pièce quand elle a été créée : Maria Casares - l'amour fou et secret de Camus, révélé récemment par la publication d'une correspondance que je savoure à rythme lent - dans le rôle de Dora, Serge Reggiani dans celui de Yanek et Michel Bouquet dans celui de de Stepan . Magique... que ne suis-je né quelques années plus tôt pour voir cela sur scène !

Trois jours de retraite au Mont Athos dans les monastères austères de l'église orthodoxe.


On me disait depuis longtemps que ces lieux prêtaient particulièrement à la méditation et à des rencontres précieuses avec la spiritualité et ma curiosité intellectuelle devait me mener là, tôt ou tard.

Les lieux sont somptueusement beaux et ces cinq cent kilomètres carrés d'un Etat indépendant (il faut un visa pour y pénétrer !) au bout de cette presqu'île très verte au sud-est de Thessalonique forment un bijou géographique qu'on dira, par facilité, " béni des dieux". Deux mille cinq cent prêtres vivent là plus les pèlerins dont le nombre est contingenté et la durée de séjour limitée. Mais pas une femme n'est autorisée à se rendre sur ce sanctuaire masculin ce qui ôte, il faut le dire, pas mal de douceur à l'ambiance, mais j'y reviendrai. Les monastères sont un peu plus de vingt, disposés sur la côte tout autour de la presqu'île et ne sont desservis que par bateaux à partir du port d'Ouranopoli. La balade est, d'ailleurs, superbe. Ces monastères sont imposants par leur architecture au point d'en être parfois massifs, mais le mélange de vieilles pierres et de boiseries extérieures plutôt bien entretenues, a quelque chose d'autant plus émouvant que leur âge est respectable - ils datent pour la plupart des 12ème et 13ème siècles- et que leur environnement naturel, souvent en surplomb de la mer, est bluffant.
On ne vient pas là pour le confort de la literie ou la qualité de la restauration et cela tombe bien.... les prêtres prient nuit et jour, depuis les matines à trois heures du matin jusqu'aux vêpres avant le souper ( quand il y en a un !..). Les pèlerins se joignent à eux, menant leur vie, leur pitance dans d'immense réfectoires, et partageant leur religion et leurs prières à tout moment. Et les athées se recueillent, dans le silence des églises et devant la beauté des lieux.
En marin aguerri, je me suis régalé à disserter sur la beauté des paysages maritimes et sur l'infini de l'horizon de la mer. J'ai dialogué avec mes morts, sereinement, tranquillement.
L'expérience fut enrichissante bien que...bien que, je l'ai déjà dit, cette masculinité exclusive de la population ait quelque chose de dur et parfois de presque violent. Et puis il y a les pèlerins. Respectables mais pas tous sympathiques. Parmi eux, la part non négligeable de russes aux cheveux coupés ras et aux tenues para-militaires avait quelque chose d'oppressant. Cette religion-là, comme toutes les religions, a aussi son intégrisme. Et, comme tous les intégrismes, il n'est pas franchement sympathique....

lundi 1 octobre 2018

Pourquoi j'ai signé la pétition en faveur de l'Aquarius.



L'Aquarius est ce bateau affrété par l'ONG " SOS-Mediterranée" qui, avec le concours de Médecins sans frontières, organise des missions de sauvetage en mer pour les migrants menacés de naufrage et, donc, de mort sur leurs embarcations fragiles et surchargées au large des côtes libyennes. 


L'Aquarius battait pavillon Panaméen jusqu'à ces derniers jours mais le gouvernement de ce pays, sur la pression du gouvernement italien, vient de lui retirer son pavillon, ce qui, selon les règles du droit maritime international, lui interdit de reprendre la mer tant qu'il n'aura pas trouvé un nouveau pavillon.
C'est le premier sens de cette pétition : permettre à l'Aquarius de reprendre la mer pour qu'il y ait au moins un bateau humanitaire sur cette zone meurtrière...
Mais ma signature à cet appel tient aussi à l'adresse tournée vers les gouvernements européens et, notamment bien sûr, au gouvernement français pour qu'il prenne l'initiative, par un dialogue institutionnalisé, d'élaborer un véritable modèle de sauvetage en mer Méditerranée pour les zones internationales.
Je rêve de voir le gouvernement de notre République inviter au dialogue "SOS-Mediterranée " et lui proposer de travailler ensemble sur ce modèle en échange de l'octroi du pavillon français. Ça n'est pas si facile tant les règles du droit maritime international, qui imposent de porter secours aux navires en détresse et d'accompagner leurs passagers dans "le port sûr le plus proche", font l'objet d'interprétations politiciennes les plus scabreuses dans le débat européen . Le port "le plus proche" , on voit bien ce que cela veut dire et la géographie ne peut pas mentir. Mais "le port sûr" le plus proche ? Cela se discute évidemment. Et cela devrait amener beaucoup d'européens à arrêter leur jeu pervers avec la Libye dont tout le monde sait qu'elle ne dispose, aujourd'hui, d'aucun port sûr et, pire, que règne sur ses côtes la tyrannie barbare des passeurs, des tortionnaires, des esclavagistes et des violeurs. La fameuse "coopération avec les garde-côtes libyens" est une supercherie aveugle et sourde.
Mais ça n'est pas facile non plus car la gestion de ce dossier se fait sous la pression terrible des opinions européennes qui, sur ce sujet, sont rigides, sévères, fermées au possible. Je lisais avec tristesse et inquiétude au mois de juin dernier, que 67% des français étaient opposés au fait que la France puisse accueillir des migrants sauvés par l'Aquarius lors de son "errance" de plus d'une semaine finalement terminée à Valence. Je note avec stupeur que, ces derniers jours, ils étaient 75%...

lundi 10 septembre 2018

Vu, à la Gare du Midi à Biarritz,

 " Embers To embers", spectacle chorégraphique présenté par Carolyn Carlson et Marie-Agnès Gillot dans le cadre du festival " le temps d'aimer la danse" créé et animé par l'ami Thierry Malandain. 
Carolyn Carlson, la chorégraphe américaine, n'est plus à présenter, puisqu'elle œuvre depuis cinquante ans ou presque dans la danse contemporaine et sa création qu'elle a mise au service de presque tous les grands corps de ballet du monde. Marie-Agnès Gillot était danseuse étoile à l'Opera jusqu' à l'an dernier. C'est une grande danseuse. Grande dans tous les sens du terme et, en particulier, par sa grande taille qui lui donne notamment des bras infiniment longs, des bras qui n'en finissent pas. Eh bien la juxtaposition de ces deux grandes dames a donné un résultat ... très moyen. 
D'abord parce que trop de solo tue le solo et que la créativité chorégraphique s'y épuise vite. Ensuite parce que la chorégraphe américaine n'est plus une danseuse au sens physique du terme. Enfin parce que de jolies musiques et des éclairages somptueux et intimistes ne suffisent à "créer de la danse"... 
Allons, ne soyons pas trop sévères : le duo improvisé est le seul bon moment, partagé et harmonieux. Mais il est bien court....

jeudi 6 septembre 2018

Lu cet été :



- une grande rétrospective de Camus avec les trois tomes de ses "Carnets " commencés en 1935 et interrompus avec sa mort. On trouve de tout dans ces carnets depuis des citations d'autres auteurs, des compte-rendus de rencontres - celle avec De Gaulle par exemple- , des carnets de voyage en Italie ou dans les îles grecques, des éditoriaux participant à de grands débats publics ou à des polémiques.... Et puis on découvre le Camus politique, celui qui se dit "de Gauche malgré elle et malgré moi " mais de cette Gauche qui ne lâche jamais les deux bouts de la chaîne : la liberté ET la justice. Enfin, le Camus philosophe épris de vérité, adversaire du mensonge, même si tout cela est relatif et discutable..
J'ai prolongé cette lecture des Carnets avec celle de "Noces", ce délicieux petit texte sur Tipasa et "L'été" , histoire de mieux profiter encore de la Méditerranée avec lui...
  • J'ai lu aussi " Entre deux mondes" d'Olivier Norek paru chez Michel Lafon . Norek, ancien flic écrit un policier qui se passe dans la "jungle" de Calais quand elle existait. C'est d'une grande violence et permet de mieux comprendre les rivalités ethniques, la tâche impossible des forces de sécurité, le jeu pervers de ceux qu'on appelle les " no borders" et l'état d'exaspération infinie de la population locale autant que le dévouement des associations humanitaires.

  • - lu enfin , "Vers la beauté " de David Foenkinos paru chez Gallimard, l'histoire incongrue d'un professeur d'histoire de l'art aux Beaux-Arts de LYON qui plaque tout et devient gardien de salle au musée d'Orsay. Derrière son histoire personnelle s'en cache une autre, celle d'une de ses étudiantes, plus douloureuse . Agréable à lire.

Lu "Dans les angles morts" d' Elizabeth Brundage paru aux éditions Quai Voltaire, traduit de l'américain par Cecile Arnaud.


Un roman psychologique assez haletant et agréable à lire même s'il n'est pas particulièrement gai : l'histoire d'un psychopathe américain vers la fin des années 70. L'homme, un new-yorkais de famille aisée, devient prof d'université en histoire de l'art en trichant . Il épouse une amie étudiante, plus pauvre et très croyante, parce qu'elle est enceinte. Mais le moins que l'on puisse dire est que ça ne lui vient pas spontanément à l'esprit. Ensuite, il la fait souffrir bien sûr, parce que c'est un infâme macho, qu'il la trompe allègrement et qu'il l'oblige à aller vivre dans une ferme abandonnée à trois heures de New-York. Une ferme où vient de se dérouler un épouvantable drame familial, histoire d'en rajouter à l'ambiance morbide. Mais le Directeur de son département universitaire découvre sa fraude au diplôme, une amie de sa femme surprend sa liaison extra-conjugale. Alors il tue l'un et essaye de tuer l'autre... en attendant pire. Ce livre est un impitoyable procès de la justice américaine qui, faute de moyens légaux n'arrive pas à coincer ce sale type. On dira "un roman américain contemporain sous forme de thriller psychologique" d'assez bonne qualité. Ou encore "un bon livre de vacances"....

jeudi 2 août 2018

Lu "La punition" de Tahar Ben Jelloun, paru chez Gallimard.


 1965 au Maroc, sous le règne d'Hassan II, et plus particulièrement à l'époque de l'affreux général Oufkir et de la douloureuse affaire Ben Barka : après une série de grandes manifestations pacifiques à travers le pays, 94 étudiants dont certains dirigeants de syndicats étudiants mais aussi des étudiants pris au hasard, sont "convoqués " dans une caserne. 
Et là, sous prétexte d'un service militaire obligatoire qui n'existe pourtant pas au Maroc, ils sont enfermés et, pendant 19 mois, sans pouvoir donner la moindre nouvelle à leurs familles, ils vont être violentés, humiliés, maltraités. Avant d'être relâchés du jour au lendemain, sans aucune explication. Le récit est à la première personne sans qu'on sache s'il est autobiographique. 
C'est assez poignant et cela donne une idée concrète de l'état de la démocratie marocaine il n'y a pas si longtemps...

"L'impossible paix en Méditerranée" et "La Méditerranée entre amour et haine"


Lu "L'impossible paix en Méditerranée", dialogue entre Boris Cyrulnik et Boualem Sansal, animé par José Lenzini, et " La Méditerranée entre amour et haine" de Christian Bromberger, deux livres parus dans la collection "Méditerranées" dirigée par l'ami José LENZINI justement, aux éditions de l'Aube, une collection que je fréquente beaucoup ces temps-ci et qui démange ma plume...


On ne présente pas Boris Cyrulnik, neurologue et psychiatre, théoricien de la résilience, ni Boualem Sansal, écrivain algérien. Analysant en profondeur les causes historiques et culturelles de cette impossible paix en Méditerranée, ils portent tous les deux un diagnostic très pessimiste sur celle-ci et n'imaginent pas d'autre issue que le paroxysme de la violence, la guerre. Sans même que la paix qui en découlera ne mette un terme au terrorisme...Grave et lourd.
 
Christian Bromberger est Professeur émérite d'ethnologie à l'université d'Aix-Marseille et jette un regard analytique sur ce qu'il appelle "les trois Méditerranées", l'une de saveurs et d'échanges, la seconde de proximités culturelles, et la troisième de violence et de haine. 
 
J'ai apprécié cette idée de "narcissisme des petites différences" comme fondement de tant de haines : quand les religions juive et islamique sont, de fait, de grande proximité conceptuelle, l'excès de proximité provoquerait ce narcissisme-là....