jeudi 14 octobre 2021

Lu « Les raisons du cœur » de Jean-Paul ENTHOVEN, paru chez Grasset, une maison d’édition dont il a longtemps été un des piliers.

 Ce roman est autobiographique et s’organise autour du récit du grave accident de
santé rencontré par l’auteur il y a deux ans, commençant par un malaise sur un terrain de tennis et se poursuivant par une très lourde opération à cœur ouvert dans une clinique de Neuilly.

Mais ce n’est pas un récit comme un autre, journaliste ou historique, détaillé et minutieux. Non, c’est un récit psychologique et philosophique où sont convoqués des «grands témoins » intimes de l’auteur, dont les noms de famille ne sont jamais prononcés: morts comme Michel, on devine vite qu’il s’agit de Michel Berger ( décédé suite à un malaise cardiaque sur un terrain de tennis justement et qui fut son ami dès le lycée) ou Françoise, comprenez Sagan, ou vivants comme Bernard Lesvies - là, c’est facile à deviner, BHL…- son ami intime, son frère, ou…son fils ainé. Ce fils ainé, c’est Raphaël ENTHOVEN, le jeune philosophe médiatique, avec lequel il a écrit « Le dictionnaire amoureux de Marcel Proust », entretenant avec lui une relation étroite, fusionnelle, jusqu’à la parution il y a deux ans d’un roman où le fils dresse du père un portrait d’une sévérité violente. Les deux hommes ne se parlent plus depuis. Cette rupture affective douloureuse est-elle, directement ou indirectement, à l’origine de la rupture des vaisseaux du cœur ? Le livre tourne autour de cette question mystérieuse et passionnante qui se conjugue avec une autre :la « révolution » physique ( au sens sanitaire du terme) du père alité : change-t-on avec une telle opération, quand son cœur s’arrête de battre pendant 155 minutes ? Il faut croire que la réponse à cette deuxième question est oui puisque l’auteur finira par adresser à son fils un message de paix et de réconciliation, comme une bouteille jetée à la mer…
J’ai dévoré ce livre. Vraiment. Quelques heures à peine, trop vite achevées. Ce mélange d’auto-biographie sans étalage et de réflexions psychologiques ou philosophiques spontanées et vivantes est un vrai genre littéraire. Alors, bien sûr, comme l’auteur le fait dire à son éditeur Olivier ( comprenez NORA..) comme pour s’en excuser, on n’est pas dans le Paris du peuple et des gens qui souffrent mais plutôt dans le Neuilly-Auteuil-Passy ( avec une grosse touche de Saint-Germain des Prés) des riches et des gens connus, mais je ne sais pas pourquoi, talent de l’écriture, ça ne pèse pas, ça ne compte pas . Les raisons du cœur dépassent tout cela.

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