lundi 7 juin 2021

Lu « Une très légère oscillation. Journal 2014-2017 » de Sylvain Tesson paru dans la collection « Pocket ».

 Autant le dire, j’ai pour Sylvain Tesson une vraie sympathie doublée d’une attirance
intellectuelle profonde. 

Bien sûr, nous sommes très différents et, à certains égards, opposés : d’abord c’est un vrai conservateur, au sens le plus respectable du mot, qui éprouve une grande méfiance pour ne pas dire défiance à l’endroit du monde moderne et qui pense que « c’était mieux avant». Par exemple, lorsqu’il est parti sur les traces d’Ulysse, premier de nos points communs, c’était pour retrouver les traces du héros d’Homère et éprouver une forme de nostalgie devant leur disparition tandis que, me tournant vers la civilisation Méditerranéenne d’aujourd’hui, j’ai cherché à comprendre ce qui avait changé en 3000 ans. Au titre de ce conservatisme, il éprouve une tendresse étonnante pour Vladimir Poutine que je ne partage sûrement pas. Et s’il est très montagnard ce qu’un pyrénéen d’adoption ne peut pas lui reprocher, il n’est pas du tout marin ce qui est un vrai handicap, surtout quand on veut comprendre le monde et la Méditerranée en particulier. Mais nos points communs sont plus nombreux : d’abord, il a le goût passionné - encore plus que moi ce qui n’est pas peu dire ...- du voyage, de l’ailleurs, de l’autre. On a beau dire, cela témoigne d’une ouverture d’esprit incontestable et cela épargne viscéralement de déviations culturelles insupportables comme le racisme. Tesson, autre qualité, s’il accepte les religions comme expression incontournable de la liberté de conscience, se méfie grandement de leurs intégrismes destructeurs de libertés. C’est, je le crois, un vrai laïc. Et puis, last but not least, s’il a une religion, c’est bien celle des livres et de la culture littéraire qui me parait être une nouvelle preuve de son ouverture au monde, aux autres, de sa curiosité intellectuelle manifeste.
Avec cette « très légère oscillation », il livre un journal qui n’est pas vraiment un journal intime mais plutôt comme un journal « thérapeutique » au sens où il lui permit de mettre de l’ordre dans ses pensées dans une période de sa vie marquée comme nous tous par la succession des attentats barbares, mais aussi à titre personnel par la mort de sa mère ou son accident terrible survenu sous forme de chute d’un toit qu’il escaladait comme beaucoup d’autres à la fin d’une soirée arrosée, et qui lui laissa de lourdes séquelles. L’écrivain- voyageur, géographe de formation s’y montre sensible, très sensible, humain, très humain. Même si la succession d’aphorismes émaillant son récit, n’en représente pas le volet le plus convaincant.

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