J’apprécie
Laurent Gaudé, l’écrivain autant que l’homme , bardé
d’humanisme,
l’amoureux de la Méditerranée et de sa
civilisation multiséculaire qui sait décrire comme peu l’ambiance
torride du travail de la vigne ou de l’oliveraie sous un soleil de
plomb et les histoires humaines qui vont avec, faites de traditions
claniques et de passions destructrices. J’aime la sagesse de cet
homme qui, bien qu’encore très jeune, possède déjà une bonne
part de sagesse dont l’amour de la littérature n’est sans doute
pas le moindre responsable.
Autant
dire que j’ai ouvert son dernier roman avec un a-priori très
favorable : je suis un lecteur fidèle de Laurent Gaudé.
De
quoi s’agit-il ? D’un cri d’amour à la Grèce qui n’est plus
ou plutôt, ne serait plus, d’un polar et d’un ouvrage
d’anticipation. Sacré mélange !
Commençons
par l’anticipation : la Grèce éternelle, celle qu’on aime
autant que l’auteur serait morte après une faillite retentissante,
et elle a été rachetée par une multinationale qui l’a aussitôt
découpée en trois zones hermétiquement closes, check-points à
l’appui : les riches, les classes moyennes et les laissés pour
compte. Le tout régi par un régime totalitaire où les nouvelles
technologies sont exploitées à l’extrême pour annihiler toute
espèce de liberté individuelle. Triste à mourir.
Le
polar : Zem Sparak est un flic de la troisième zone appelé à
enquêter en zone deux sur des meurtres étranges dont les victimes
sont éventrées scrupuleusement; Pour ce faire, il est placée sous
les ordres d’une officier de police de la zone supérieure,
autoritaire mais courageuse, qu’il devra «apprivoiser » et avec
laquelle il va découvrir les méandres violents des concurrences
politiques…
Reste
la Grèce : quand il était jeune, Zem Sparak était, avec une bande
d’amis étudiants dont sa compagne de l’époque, un militant de
la liberté très engagé. Et il a trahi cette cause et ses amis,
devenant prisonnier de cette trahison.
Mélangez
les trois ingrédients et vous avez « chien 51 » de Laurent Gaudé.
Dans le genre anticipation le 1984 d’Orwell (écrit en 49 !) était
plus convaincant. Dans le genre polar, les Khadra et les Norek sont
plus haletants. Et dans le genre cri d’amour à un pays
Méditerranée, Gaudé lui-même a fait mieux.
Mais
le mélange des trois est audacieux et mérite indulgence.
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