l’OFCE, deux organismes de recherche de Sciences Po Paris, et depuis quelques mois, directeur de l’Institut François Mitterrand que j’ai l’honneur de présider depuis à peu près la même date. Il dénonce dans cet essai nourri, dense, étayé, le fait que les souverainistes, de gauche comme de droite, ait fait de cette souveraineté une sorte d’obsession comme cause de tous les maux de nos sociétés européennes, ce qu’elle n’est pas, de fait. Et, selon lui, cette obsession détourne nos regards, notre attention et nos énergies du vrai enjeu qui est essentiellement démocratique. A partir de ce constat à peine contestable, il jette les bases de ce que lui et d’autres appellent « la double démocratie européenne » articulation indispensable entre la démocratie interne à l’Union Européenne et les démocraties nationales qui n’échappent pas au besoin de rénovation. Une « double démocratie » qui nécessitera d’être précisée, développée, concrétisée, au risque de rester un concept un peu abstrait de chercheur, fût-il brillant et persuasif.
J’ose ajouter deux réflexions personnelles tirées de mes expériences d’enseignant d’une part, de praticien de l’Europe d’autre part:
- comme enseignant, je ressens un très profond besoin de pédagogie de l’Europe, de son histoire et de ses acquis. Une pédagogie fondée sur cette idée simple: Connaît-on une seule autre zone géographique du monde où des pays se sont unis pour faire la paix ( menacée à ses frontières certes mais réelle en son sein ) après trois conflits meurtriers en moins de 100 ans, imposé la démocratie à tous ses membres, construit un système juridique fondé sur l’état de droit et le droits de l’homme et, bon an mal an, partagé un modèle social certes très perfectible mais unique au monde ? Un acquis considérable ! Or, tout cela n’est pas enseigné aux enfants d’Europe à qui on expose les instances européennes dans leur complexité rébarbative mais pas dans ce qui fait notre commun à nous tous européens. La démocratie commence par l’éducation !
- comme praticien je fais référence à mon expérience de Ministre de l’Agriculture et de la pêche ayant pendant 4 ans participé à des dizaines de conseils européens et tant de nuits blanches d’échanges et de négociations. Qu’y ai-je appris essentiellement ? Que l’Europe est un COMPROMIS : on se retrouve autour d’une grande table avec des responsables politiques venus d’une petite trentaine de pays, produits d’histoires, de cultures, de traditions différentes pour traiter de sujets sérieux et ….il faut se mettre d’accord ! Trouver un compromis par l’échange, la confrontation, les avancées, les concessions aussi. Mais toujours dans le respect scrupuleux de tous ses interlocuteurs. Je plaide, moi, qu’il n’y a pas que l’Europe qui fonctionne à coups de compromis. La gestion de nos communes, départements et régions aussi: si on veut avancer, il faut passer des compromis. La vie tout court, d’ailleurs, est un compromis entre ce que l’on veut et ce que l’on peut . Mais il n’y a qu’au niveau politique national que cette évidence a du mal à s’imposer, sous la férule des « Yakafaucon » ….et pour l’Europe, tous nos Yakafaucon ont plus d’idées que tout le monde réuni ! Parce qu’ils n’ont jamais été autour d’une table pour trouver des compromis. Et parce qu’ils défendent une conception de la politique ou tout compromis serait compromission. Malheureusement pour eux et pour notre démocratie, ce n’est pas comme cela que ça marche…
Alors, pour enrichir le livre passionnant de Nicolas LERON j’ajoute ces deux voies incontournables : pédagogie de l’Europe et apprentissage généralisé du compromis.
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