connu il y a une dizaine d’années en Afghanistan : il commandait un régiment de chasseurs alpins installé sur un piton rocheux de Kapisa, cette vallée perdue et meurtrière à plus d’une heure d’hélicoptère de Kaboul et moi je participais à une mission parlementaire sur place. J’avais tout de suite été séduit par sa personnalité de chef militaire posé et réfléchi, humaniste à l’évidence, républicain conscient de la lourdeur et de la délicatesse de la tâche qui lui avait été confiée. Je dirais « un officier supérieur républicain comme je les aime » à travers le prisme de ma jeunesse baignée dans ce milieu. Il se trouve, hasard de l’histoire que je l’ai revu assez vite après son retour en France grâce à un ami commun - qui avait été mon étudiant à Sciences Po- et que nous avons d’ailleurs tous les deux accompagné vers la mort depuis. Cela crée des liens….Très vite une belle amitié nous a liés et nous nous retrouvons régulièrement pour parler défense nationale, politique ou…littérature. Apres l’Afghanistan, Nicolas a commandé le service « Action » de la DGSE, et est actuellement à l’Etat-Major en charge de la coordination du soutien militaire à l’Ukraine, autres missions d’importance et de confiance. Et ce général-là est écrivain ! Il n’est pas le premier de la sorte mais cela caractérise aussi un homme. Jusqu’ici, il n’avait écrit que des ouvrages de stratégie militaire ou de géopolitique dont un, étayé et passionnant, sur De Gaulle. Mais voilà qu’il nous livre son premier roman !
Inattendu et….bienvenu. L’histoire se passe au Vietnam en 1954, au moment de l’effondrement de l’armée française à Dien Bien Phu. Trois soldats de l’armée française se retrouvent prisonniers: un jeune lieutenant brillant et idéaliste, un légionnaire allemand qui a déjà vécu la campagne de Russie, et un fils de paysan du Limousin plutôt couard et magouilleur. Dans leur marche pénible vers la captivité ces trois tempéraments se confrontent et révèlent une lente progression vers un armistice…avec eux-mêmes c’est-à-dire avec leurs consciences. Pour retrouver une dignité d’homme après les horreurs, subies ou pratiquées, de la guerre.
J’ai beaucoup aimé ce livre subtil et douloureux, sensible et lucide. Même si, on me le pardonnera, ma subjectivité était engagée…
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