Charles Enderlin, qui fut pendant près de trente ans le correspondant
permanent de France 2 à Jérusalem démontre que le fondamentalisme messianique juif, qui plonge ses racines dans l'antiquité biblique a, de fait, pu se développer après la guerre de six jours de 1967 et la conquête de la Cisjordanie par Israël et, en particulier, le Haram Al-Sharif, ce troisième lieu saint de l'Islam où se trouvent aussi les ruines du temple d'Herode , là où Abraham avait prétendu sacrifier Isaac, son fils.
Et on retrouve-là les fondements théologiques qui font le lien entre croyance et territoire . Car ces militants politico-religieux, orthodoxes et extrémistes, sont convaincus que le monde est entré dans l'ère eschatologique, la fin des temps et le retour annoncé, et s'opposent à ce titre non seulement à toute concession territoriale mais, plus fortement encore, à toute création d'un État Palestinien souverain et, donc, à tout traité de paix reposant sur la solution dite " à deux États" .
Ces militants politico-religieux tournent donc ouvertement et agressivement le dos aux idéaux et aux aux principes qui avaient inspiré la création d'Israel, ce sionisme libéral et pragmatique peu à peu marginalisés dans la société israélienne. Dans son très beau livre, Charles Enderlin, démontre avec sérieux et méthode comment la diffusion, la progression de l'idée messianique a, de fait, un corollaire incontournable, le développement de la colonisation juive en Cisjordanie et, donc l'empêchement concret - et inexorable ?- de toute solution de Paix dite " a deux États".
Ce livre est passionnant.
Il me rappelle un souvenir bien précis : en 1995, j'étais allé en mission parlementaire en Israël et en Palestine. Et j'avais été stupéfait et bouleversé par les nombreuses inscriptions sur les murs " à mort Rabin"... quelques semaines, Ytzak Rabin, le Premier Ministre israélien qui voulait la Paix, était assassiné. Il n'était pas assassiné par un djihadiste ou un terroriste palestinien mais par un israélien, un jeune nationaliste et religieux orthodoxe qui déclara avoir agi "au nom de dieu" ...
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