C’est le premier tome de ce qui est présenté par l’auteur et l’éditeur
comme « La trilogie de Lewis ». Je voulais lire Peter May depuis longtemps et je m’en voulais de retarder sans cesse cette échéance. Ce qui m’a finalement décidé, ce sont deux récents voyages dans les Hébrides, cet archipel du Nord-Ouest de l’Ecosse, l’un il y a quelques années avec ma femme et des amis, l’autre l’été dernier avec trois copains navigateurs sur un voilier lors duquel nous nous fîmes copieusement chahuter dans le Minch, ce bras de mer qui sépare les Hébrides de l’Ecosse, nous obligeant à prendre abri à Stornoway, le port de l’île de Lewis . Par deux fois, je me suis enthousiasmé pour ces paysages d’une beauté sauvage éblouissante, ces falaises de roche noire, le blanc éblouissant du sable des quelques plages nichées entre ces falaises, ces champs de tourbe et ces troupeaux de moutons innombrables, ce climat si changeant et brutal, ces vents violents portés par les dépressions atlantiques qui trouvent là leur premier relief où se défouler, ces pluies à l’horizontale, la chaleur de ces pubs, l’alternance heureuse des bières et du whisky….
Et ma femme, ma principale conseillère en matière de lecture, en avait conclu : «il faut que tu lises Peter May! » J’ai commencé il y a quelques temps par un premier roman qui m’avait beaucoup plu et elle a donc renchéri : «maintenant il faut que tu lises la trilogie de Lewis ».
Me voilà donc dans ce premier tome de cette trilogie.Histoire de suivre l’enquête de l’inspecteur Fin Macleod de retour dans l’île de Lewis 30 ans après l’avoir quittée, sous prétexte que le meurtre qui vient de s’y dérouler ressemble à bien des égards à celui sur lequel il enquête déjà à Glasgow où il vit et où il vient de perdre un enfant de 8 ans. Mais ce retour à Lewis, cette enquête, va lui faire redécouvrir les paysages de son enfance, la maison familiale, le cimetière où sont enterrés ses parents, son école, son collège, des amis d’enfance, son grand amour d’adolescence…et la victime du meurtre qui était à l’école avec lui, vulgaire brute épaisse qui régnait sur sa génération par la force. Au milieu de tout cela : une tradition qui ,depuis des décennies, voit une douzaine d’hommes de Lewis partir chaque année pour deux semaines sur un îlot inhabité au grand large de l’Atlantique afin de chasser des oiseaux maritimes migrateurs afin de nourrir l’île, dans des conditions d’inconfort et de dangerosité absolues. Encore des souvenirs violents…Enquête palpitante et souvenirs douloureux s’entremêlent avec beaucoup de mystère qu’on n’éclaircît qu’à la fin dans les dernières pages et même les dernières lignes.
C’est un grand et beau livre. Très grand et très beau. Bien écrit et bien traduit, avec une intrigue précise et bien menée, des sentiments profonds et souvent poignants, une humanité simple, un rythme haletant, dans ce décor sublime que j’apprécie tant ( fût-ce à petites doses…). Oui, vraiment, un très beau livre. Les deux autres tomes de la trilogie ne sauraient tarder.
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