Elle livre là un bien intéressant essai sur cette « guerre sainte », celle de l’islamisme politique qui a durement frappé la France ces dernières années. Ce faisant, en nommant les choses, elle restitue cette guerre dans l’histoire longue des religions et des guerres de religions. En chemin elle démontre avec pertinence que la France n’a pas de problème avec l’islam, ni bien entendu avec les musulmans, mais bien avec l’islamisme, l’islamisme politique, l’islamisme radical. D’ailleurs, les musulmans sont les premières victimes, démontre-t-elle, de cet islamisme, chiffres des victimes de tous les attentats à l’appui. En chemin également elle règle son compte avec ce terme d’islamophobie, devenu l’étendard de tous les communautarismes, inventé par les islamistes pour masquer leur prosélytisme.
Mais c’est sur le terrain du féminisme et de ses liens étroits, indéfectibles avec la laïcité que le livre est précieux, à la fois dans la mesure où l’auteure va chercher loin dans l’histoire combien toutes les religions, sans exception aucune, ont été des vecteurs d’inégalité hommes-femmes et même, disons le mot, de domination des femmes, mais aussi parce qu’elle nous offre une analyse du voile conçu à l’origine comme un «Purda » c’est à dire un rideau pour cacher la femme et qui, paradoxe, aboutit au résultat inverse dans les sociétés comme la nôtre : il signale la femme cachée. Et elle règle son compte à la théorie de la liberté des femmes de porter le voile défendue par les féministes extrémistes en affirmant ce qu’elle appelle «le paradoxe de Martine chez Molière » qui, dans la pièce « Le médecin malgré lui » affirme «et s’il me plait d’être battue ?» . Traduisons: « et s’il me plait de me soumettre en portant le voile ?».
Derrière tout cela se cache la loi de 1905 dite de séparation des églises et de l’Etat que trop d’idéologues réduisent soit à une liberté ( à l’extrême gauche et, hélas, beaucoup à gauche) en oubliant l’article 4 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen montre bien que nos libertés ont une limite ( ce qui nuit à autrui), soit à des interdits ( à droite et à l’extrême droite )en oubliant que l’affirmation de la liberté de conscience est, quoiqu’on en dise l’affirmation d’un droit à la différence ( qui ne peut certes pas aboutir à la différence des droits ). Les uns et les autres oublient que la République est un équilibre subtile et prospère entre les droits et les devoirs et que, en particulier, la laïcité est l’affirmation et la protection d’une liberté parmi les plus belles, la liberté de conscience, mais qu’elle la place « dans le respect de l’ordre public », ce qui, en droit n’est rien d’autre que l’ensemble de nos droits et règlements qui définissent notre « commun ». Et dans celui-ci, l’égalité entre les femmes et les hommes, comme le démontre avec force Sylviane Agacinski, tient une place de plus en plus centrale.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire