littérature. Je n’avais lu d’elle jusque là que son «Jeune homme » dans lequel, en 70 pages à peine, elle relatait sa liaison avec un homme ayant trente ans de moins qu’elle, et je dois dire que cela ne m’avait point convaincu. Ni sur le fond ni sur la forme. Mais comme, avec l’âge, je m’efforce de ne pas m’en tenir aux premières impressions et d’écouter les autres points de vue, les Nobel m’ont décidé à y revenir. Eh bien, bien m’en a pris: voilà un livre très séduisant intellectuellement et en sensibilité. Voyons, on ne dit pas l’âge d’une femme mais disons que l’auteur est née au début de la deuxième guerre mondiale. Elle publie ce livre en 2008 soit 68 ans plus tard. 68 années qu’elle va raconter dans ce qui reste une autobiographie mais de caractère très inusité : une autobiographie plus sociétale que personnelle, plus collective qu’individuelle, plus pointilliste qu’analytique. A partir de photos de l’auteur décrites soigneusement à des périodes différentes, depuis la naissance à Yvetot où ses parents tenaient un bistrot-épicerie, marque sociale à laquelle elle restera fidèle toute sa vie, jusqu’à sa vieillesse dans la maison de Cergy, en passant par ses longues et brillantes études littéraires et les étapes de son métier d’enseignante, on nous amène à survoler la période, les chansons à la mode, les grands événements internationaux, l’actualité politique, l’évolution des mœurs, la montée du racisme et de l’extrême-droite autant que le frigidaire dernier cri, les vedettes de la télé du moment et leurs émissions à succès, les grèves ou les goûts alimentaires des enfants. Cela peut paraître superficiel dit comme cela - et ça l’est terriblement quand elle parle de politique notamment- mais au total, et pour employer une expression tirée d’une des écoles de l’impressionnisme qui me paraît très adaptée, ce pointillisme-là est à la fois très évocateur, personnel et sensible. Et, donc, très original.
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