-« Ouistreham » d’Emmanuel Carrère d’après l’ouvrage de Florence Aubenas, avec Juliette Binoche.
Un essai poignant sur le travail précaire à partir du vécu des « agents de propreté » qu’on appelait avant « femmes de ménage » sur les ferries trans-Manche dans le port de Ouistreham à côté de Caen. Comme dans le livre très bien fait de Florence Aubenas, les femmes en question jouent leur propre rôle et ça donne une touche humaine plus émouvante encore. Et Emmanuel Carrère ajoute au livre un aspect nouveau avec la mise en scène de la journaliste et de sa méthode qui avait bouleversé la chronique : se faire passer pour une de ces femmes et se faire embaucher pour vivre leur vie pendant quelques mois. Avec, au bout du compte, le dévoilement d’un malentendu plutôt bien accepté par la plupart de ces femmes. Pas toutes. Beau film, subtil, engagé, poignant.
-« Twist à Bamako » de Robert Guédiguian avec Stéphane Bak et Alicia Da Luz Gomes qui retrace, à travers la vie d’un jeune homme, la décolonisation, le socialisme plutôt stalinien sous le régime de Modibo Keïta et, in fine, la dictature des mollahs dans les villages du fin-fond du Mali. 1962: Samba, le jeune héros du film, fils d’un riche commerçant, est un militant du parti gouvernemental, croit au socialisme et sillonne le pays pour prêcher la bonne parole. Mais les réalités économiques vont vite rattraper le pays, les commerçants se révolter et le gouvernement se raidir, début d’un engrenage infernal qui va soumettre Samba et sa fiancée, qui s’est évadée de son village tribal et d’un mariage forcé, à un enfer progressivement insoutenable. Guédiguian est…Guédiguian ! Engagé, militant, généreux, réfléchi, pédagogue et plein de charme…cherchant à la fois à démontrer qu’un blanc peut aussi parler de l’histoire africaine comme si c’était la sienne, la nôtre, et aussi à dénoncer ces maux du colonialisme, du stalinisme et de l’intégrisme religieux comme s‘ils coulaient de la même source. Et puis, et puis….1962, c’est le début des années « yéyé », du twist (d’où le titre…) et des premiers rocks dont la jeunesse de Bamako se délecte dans les boites de nuit. Et cette bande-son-là m’a régalé, enthousiasmé, transporté ! Âge oblige…
Ce qui donne un bien joli résultat !
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« En attendant Bojangles », film de Régis Roinsard d’après le
roman d’Olivier
Bourdeaut avec Virginie Efira et Romain Duris. Encore une histoire de petit garçon, mais émouvante celle-là, bouleversante même. Ce petit garçon est le fils d’un jeune couple bourgeois très amoureux mais fêtard et déjanté, tellement déjanté que lorsque la jeune épouse et maman commence à être atteinte de troubles psychiques lourds, croyant à la déconnante on continue d’en rire. Mais la « folie » s’aggrave et on en rit de moins en moins . Après un internement psychiatrique pénible et douloureux pour les trois, le père et le fils vont fomenter une évasion de la mère et un exil vers l’Espagne pour eux trois vers un joli petit château fortifié au bord de l’eau. Là, dans l’harmonie d’un couple amoureux et d’une famille épanouie, entrecoupée de crises pathétiques et poignantes, se terminera ce douloureux et bouleversant périple. Virginie Efira est éblouissante aussi bien quand elle est gaie et drôle que lorsqu’elle est pathétique et triste. Duris joue juste, très juste. Ils forment un bien talentueux duo. J’avais beaucoup aimé le livre de Bourdeaut et j’ai tout autant aimé le film, pétri d’émotions en tous genres.
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