Mathieu
Souquière est un consultant, ancien conseiller en cabinet
ministériel et en
collectivité locale, et expert associé à la
Fondation Jean Jaurés. Damien Fleurot est un journaliste politique
que je connais depuis bien longtemps et dont j’apprécie
particulièrement l’honnêteté et la rigueur professionnelle, qui
est actuellement au service politique de TF1-LCI. Ils nous livrent
ici un essai sur le populisme mais on devrait plutôt dire sur « les
populismes » tant ils démontrent avec pertinence que ce
positionnement, cette attitude, cette stratégie politique qui
consiste à dresser le « peuple » ( je mets des guillemets à
dessein tant les populistes, justement, s’appropriant le peuple
sans vergogne, lui font dire souvent ce qui les arrange…) contre
les élites, existe un peu partout dans le monde ( Trump, Bolsonaro,
Orban, Salvini…) et pas seulement en France, et ne date pas d’hier
( ils évoquent notamment et à juste titre l’épisode du général
Boulanger). Ce qui est interessant dans cet essai c’est qu’il
s’efforce de ratisser toutes les causes et toutes les formes de ce
phénomène et, en particulier, le terrifiant jeu des réseaux que
j’appelle depuis longtemps «asociaux » tant ils sont destructeurs
de lien social. Je dois dire, en particulier, mon aversion révoltée
contre le fameux « Twitter »: imaginez, dans un monde de plus en
plus complexe, des sociétés de plus en plus sophistiquées, des
économies en perpétuel renouvellement, bref face à cette
complexité triomphante si bien décrite par Edgard Morin, ces
messieurs de Twitter obligent les politiques à s’exprimer en un
nombre ô combien limité de signes. Quelques dizaines de signes ,
histoire d’empêcher l’appel à la raison et de provoquer le
raccourci réducteur et, si possible, sensationnel. Et les politiques
se plient à cette exigence !! Misère des comportements qui entraîne
l’appauvrissement de la pensée politique.
Dans
ce procès en responsabilité du populisme, les chaînes
d’information continue sont aussi particulièrement mises en cause.
Ou plutôt, l’une d’entre elles « CNews » qui, il faut le dire,
en matière de populisme ne néglige rien par ses thématiques ou par
ses invités. Mais curieusement les autres chaînes d’info continue
sont épargnées ! Certes, BFM n’atteint pas le degré de vulgarité
populiste de CNews mais je suis bien placé, pour en avoir été
victime, pour savoir que l’honnêteté intellectuelle de certains
de ses journalistes ne les fait reculer devant aucun obstacle quant
il s’agit de faire passer les élus comme « tous pourris ».
Cet
essai s’attaque à un sujet complexe, difficile, et offre des clefs
très utiles pour comprendre ses fondements et ses mécanismes. Et
nul doute, hélas, qu’il reste d’actualité encore quelques
temps.
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