mémoire d’une petite-fille à l’égard de son grand-père, un devoir accompli avec une sorte de soulagement tant cette histoire hantait l’auteure depuis son enfance.
Le
12 décembre 1941 a lieu à Paris la première rafle de grande
envergure: 743 juifs sont arrêtés et internés au camp de
Compiègne. On appelle cette rafle « la rafle des notables » car
les juifs arrêtés étaient chefs d’entreprises, avocats,
magistrats, enseignants, écrivains.... 743 dont Léonce Schwartz, le
grand-père d’Anne qui en survécut miraculeusement après une
hospitalisation au Val-de-Grâce et une évasion de celui-ci. Il
survivra tant bien que mal et mourut quelques jours après la
libération. Le camp de Compiègne était évidemment la première
étape vers les camps de la mort où les prisonniers furent déportés
en mars 42, après trois mois de vie dans des conditions
épouvantables où la faim sévit comme une faucheuse odieuse : le
camp de la mort lente....
Ces
743 « notables » furent vite rejoints par trois cent juifs
étrangers venus de toute l’Europe qui s’étaient réfugiés en
France croyant y trouver le refuge salvateur. Et c’est sans doute
les conséquences de cette mixité, celle de ces deux groupes
distincts de juifs emprisonnés, distincts mais réunis dans le même
malheur tragique, qui m’a le plus passionné dans ces pages. Car
ces deux groupes ne vivaient pas leur judéité de la même façon :
les notables étaient des citoyens français très intégrés,
français avant d’être juifs, beaucoup ne fréquentant pas les
synagogues d’ailleurs, qui ne comprenaient pas pourquoi ils étaient
là. Ou, en tout cas, qui ne comprenaient pas bien et pas tout de
suite. Tandis que les étrangers, de conditions sociales beaucoup
plus modestes, eux, savaient parfaitement que cette étape était la
suite logique d’une ségrégation, d’une persécution qu’ils
vivaient depuis des mois, des années...Cette confrontation, dans son
récit et sa logique tragiques est assez bouleversante.
Joli petit témoignage bien écrit, agréable à lire et ajoutant utilement à notre devoir de mémoire collectif.
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