Benjamin
Stora, que j’ai connu dans les années 70, alors qu’il militait
dans l’équipe de Lionel Jospin au Secrétariat International du
Parti Socialiste, est un historien spécialiste de l’Algérie (où
il est né et qu’il a quittée en 1962) et du Maghreb, sur lesquels
il a écrit de très nombreux ouvrages. Il a, en outre, présidé
pendant quelques années le conseil d’orientation du Musée
National de l’Histoire de l’Immigration. Il livre ici sa
réflexion et son analyse du mouvement populaire né en Algérie à
partir de février 2019, le « Hirak » qui a empêché Bouteflika de
se présenter à un cinquième mandat mais qui n’a pas pu empêcher
la tenue d’une élection présidentielle fin 2019 et l’élection,
malgré une très forte et significative abstention, dès le premier
tour, de Abdelmadjid Tebboune, ancien Ministre et chef de
gouvernement de Bouteflika, qui semble bien - mais il faut le dire
avec prudence tant on n’en est qu’au début de cette présidence
-, mettre en œuvre une politique de “normalisation” et de retour
à l’ordre ancien, même si de hauts dignitaires ont été
condamnés à de la prison ferme pour corruption et que de timides
mesures d’apaisement ont été prises à l’égard de membres du
Hirak . Stora considère que c’est une véritable révolution qu’on
a vue à l’œuvre en Algérie et que, au fond, rien ne sera plus
comme avant . C’est aussi la thèse de Jean-Pierre FILIU, l’un et
l’autre étant plus optimistes que Kamel Daoud en la matière. Sa
thèse est que l’on assiste à la naissance dans le monde arabe, et
en Algérie en particulier, de l’individu affranchi des tutelles de
l’Etat mais aussi de la famille ou de la religion, et que cette
naissance-émancipation ne s’arrêtera pas. L’historien
expérimenté qu’il est sait que cette histoire reste à écrire et
qu’elle peut s’inscrire dans le temps long....
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