Jean-Pierre
Filiu, professeur à Sciences Po, est un des meilleurs connaisseurs
du monde arabe et je lis tous ses ouvrages avec un grand intérêt.
Ce
livre analyse, décortique , le « Hirak », ce vaste mouvement
populaire qui a envahi les rues des villes d’Algérie depuis
presqu’un an et sur lequel l’auteur fonde de grands espoirs quant
à sa capacité à ensemencer une culture démocratique profonde dans
le pays . Mais il est passionnant aussi par sa vision historique de
l’Algérie contemporaine et j ’y ai relevé , entre autres, deux
points qui m’ont particulièrement interessé : d’abord la césure
historique, au sein du FLN, entre l’armée de l’Intérieur qui a
combattu l’armée coloniale française et est sortie exsangue de
cette guerre et « l’armée des frontières » , celle de
Boumedienne et Ben Bella, celle des exilés qui, après
l’indépendance en 62, s’est imposée violemment, brutalement à
la première dans une guerre civile qui n’a jamais dit son nom.
Cette césure a laissé des traces durables . Et puis le culte de «
l’anti -France »: devant les divisions, les contestations, les
oppositions et les combats politiques, le pouvoir algérien, tous les
pouvoirs algériens depuis 62, jouent la carte de l’union contre
l’ancienne puissance coloniale qui continuerait à agir
sournoisement et à manipuler l’opinion algérienne. Le « truc »,
puisque c’en est un, fonctionne toujours même s’il s’épuise
un peu.
Dommage
que ce livre s’achève avant la dernière élection présidentielle
de décembre et l'arrivée au pouvoir du Président Tebboune et ,
surtout, avant la mort du chef d’état-major de l’armée
algérienne, Gaïd Salah, véritable patron du régime militaire,
chevalier véhément de l’anti-France et pilier de tous les
conservatismes.
La nouvelle indépendance : après celle du pays en 1962 celle du peuple avec le Hirak ?
On est impatient de lire la suite .
La nouvelle indépendance : après celle du pays en 1962 celle du peuple avec le Hirak ?
On est impatient de lire la suite .
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