On
connaît Leïla, grande dame, figure de l'Etat palestinien qu'elle a
représenté en France pendant de longues années en venant de le
faire à Bruxelles, auprès de l'Union Européenne. Elle est
désormais à la retraite de la diplomatie, et vit à Beyrouth. Leïla
reste la même, passionnée et passionnante, militante de la cause
palestinienne et, en même temps, femme de paix, profondément de
paix.
Disons-le
d'entrée de jeu : je l'ai trouvée pessimiste. Elle dira "notre
génération a échoué, c'est à la nouvelle de prendre les choses
en mains".
Elle
fait reposer les responsabilité de ce qu'elle appelle "une
nouvelle Naqbah" (catastrophe en arabe) d'une part sur
l'abandon de la Palestine par la communauté internationale - mais
celle-ci existe-t-elle dirait Vedrine ?- qui en a délégué la
responsabilité exclusive aux américains et, d'autre part , sur le
glissement progressif et inexorable de la société israélienne vers
la Droite, la Droite extrême et religieuse.
À
la question d'une étudiante qui lui demandait "que pouvons-nous
faire, concrètement, nous jeunes européens ?", Leila répond
en deux temps :
D'abord,
dit-elle, "prenez bien conscience de l'immense privilège qui
est le votre de vivre en Europe, terre de liberté et de démocratie,
et dites-vous bien que de l'autre côté de la Méditerranée, les
jeunes comme vous n'en bénéficient que du dixième."
"Et
puis, surtout, cherchez à connaître et à comprendre et, pour cela,
n'hésitez pas à vous rendre sur place. Il n'y a rien de tel pour
comprendre."
Ces
mots résonnent en moi : je croyais comprendre et savoir jusqu'à ce
que j'aille dans les territoires palestiniens, une fois puis
plusieurs fois. Il est des images qui parlent plus que bien des
discours.
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