dimanche 25 mars 2018

Écouté avec passion la conférence de Leïla Shahid, cette semaine à l'Institut des relations internationales, établissement où j'enseigne désormais


On connaît Leïla, grande dame, figure de l'Etat palestinien qu'elle a représenté en France pendant de longues années en venant de le faire à Bruxelles, auprès de l'Union Européenne. Elle est désormais à la retraite de la diplomatie, et vit à Beyrouth. Leïla reste la même, passionnée et passionnante, militante de la cause palestinienne et, en même temps, femme de paix, profondément de paix.
Disons-le d'entrée de jeu : je l'ai trouvée pessimiste. Elle dira "notre génération a échoué, c'est à la nouvelle de prendre les choses en mains".
Elle fait reposer les responsabilité de ce qu'elle appelle "une nouvelle Naqbah" (catastrophe en arabe) d'une part sur l'abandon de la Palestine par la communauté internationale - mais celle-ci existe-t-elle dirait Vedrine ?- qui en a délégué la responsabilité exclusive aux américains et, d'autre part , sur le glissement progressif et inexorable de la société israélienne vers la Droite, la Droite extrême et religieuse.
À la question d'une étudiante qui lui demandait "que pouvons-nous faire, concrètement, nous jeunes européens ?", Leila répond en deux temps :
D'abord, dit-elle, "prenez bien conscience de l'immense privilège qui est le votre de vivre en Europe, terre de liberté et de démocratie, et dites-vous bien que de l'autre côté de la Méditerranée, les jeunes comme vous n'en bénéficient que du dixième."
"Et puis, surtout, cherchez à connaître et à comprendre et, pour cela, n'hésitez pas à vous rendre sur place. Il n'y a rien de tel pour comprendre."
Ces mots résonnent en moi : je croyais comprendre et savoir jusqu'à ce que j'aille dans les territoires palestiniens, une fois puis plusieurs fois. Il est des images qui parlent plus que bien des discours.

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