mercredi 15 mars 2017

Transparence, transparence...




Je ne me suis jamais acheté un costume à plus de 800 euros et n'ai jamais compté parmi mes amis les plus proches de généreux donateurs pour m'habiller chez un grand couturier parisien. Entre très bons amis, on se paye un repas ou une bonne bouteille, une place de rugby ou un bon bouquin.  Dans ma circonscription, je reçois souvent des cadeaux de mes électeurs : on vient m'y déposer délicatement un cageot de cèpes cueillis le matin , un foie gras fait maison, une bonne bouteille ou une boîte de chocolat. Il faut connaître l'importance culturelle de la bouffe dans le sud-ouest pour comprendre... je n'ai pas souvenir qu'un seul de ces cadeaux ait pu dépasser la valeur de 100 euros.
Au-delà des obligations légales ( déclarations de revenus comme tous les citoyens , de patrimoine ou d'intérêts imposés aux élus) , je publie depuis des années dans mon compte-rendu de mandat annuel la liste de mes collaboratrices et sur mon site l'affectation de ma réserve parlementaire.
Je ne suis surtout pas donneur de leçon de morale et je suis prêt à faire plus si on me le demande. Si l'on veut fiscaliser mon indemnité représentative de frais de mandat, cela ne me gênera aucunement : dans une circonscription de presque trois cent communes - dont beaucoup de montagne !- que je sillonne en voiture à longueur d'années et avec une vraie permanence parlementaire où travaillent trois collaboratrices, justifier de mes frais ne serait vraiment pas un problème . Simplement je mets en garde : qui contrôlerait ça ? Le fisc comme tout le monde me repondra-t-on.. donc le pouvoir exécutif.  Vous voyez le fisc me dire : qui avez-vous invité à ce restaurant ? Un maire, des maires? Lesquels ? Et pourquoi ? Et c'en sera fini de la séparation des pouvoirs. Pas si simple. Sans parler de la course à la note de frais qui agrémentera la vie du député sur le terrain ...
Mais il y a plus grave et c'est ce qu'exprimait avec une grande pertinence ce week-end dans la Dépêche du midi le philosophe Raphael ENTHOVEN : " ... nous vivons sous l'illusion qu'un surcroît de transparence est de nature à révéler ce qu'on nous cache et, par là-même , à dissiper le soupçon. Or les Français ne sont pas moins suspicieux depuis qu'ils connaissent le patrimoine de leurs Ministres ( ou, j'ajouterais, de leurs parlementaires..). Ce qu'on leur montre donne avant tout le sentiment qu'on leur cache le reste. La transparence échoue , immanquablement, à renouer le lien de confiance ente le peuple et les "élites "( ainsi désignées par le peuple lui-même) . Car la transparence n'est pas un remède, mais une idole qui a soif de soupçon et qui ne sera jamais satisfaite. (....) Jusqu'où faut-il se méfier ? C'est, à mon sens, la grande question démocratique " .
Bien vu, bien senti. Mais pas assez démagogique pour convaincre, sans doute.

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